Pour le début de l'année 2017 HistoReich prend la direction l'Aveyron et la ville de Villefranche de Rouergue. Un retour sur le terrain bien ensoleillé sur les traces de la mutinerie d'une partie du SS-Gebirgs-Pionier-Bataillon 13 (SS-Geb.Pi.Btl.13) de la Kroatische SS-Freiwilligen-Gebirgs-Division composé de Croates venant des régions de Croatie et de Bosnie. La division ne porte pas encore le nom de "Handschar", elle ne le portera qu'à partir du 15 mai 1944. Je rappelle que l'objet de cet article n'est pas de décrypter la mutinerie -il y a des livres pour ça- mais de nous rendre sur les lieux.
Comme nous ne sommes pas loin du Tarn et Garonne je vous invite à suivre les traces de la 2.SS Panzer-Division "Das Reich" et plus particulièrement le SS-Panzer-Regiment 2 du SS-Obersturmbannführer Tychsen dans le secteur de Caussade. Un retour sur le terrain étalé sur une cinquantaine de kilomètres surtout que la région est particulièrement jolie.
La mutinerie de la nuit du 16-17 septembre 1943
Il existe deux cas de mutinerie de Waffen SS en France, celle du III.Bataillon./Infanterie Regiment I de la 30.Waffen Grenadier Division der SS en août 1944 et celle qui nous concerne, la mutinerie de certains éléments du SS-Gebirgs-Pionier-Bataillon 13 qui trouve son origine dans plusieurs causes.
1944. Waffen SS de la 13. Waffen-Gebirgs-Division der SS "Handschar" |
La première cause
La deuxième cause
En raison de l'hostilité locale, des risques de désertion, et de l'insécurité due aux partisans communistes, la division est envoyée en formation en France fin juillet 1943.
Quelques nationalistes Croates, fidèles de Ante Pavelic prennent cela pour une trahison de leur engagement puisqu'ils voulaient rester sur le territoire national. Ils vont se révolter et s'associer à quelques musulmans mécontents de leur sort puisqu'ils aussi sont l'objet de friction avec des recrues catholiques, d'ailleurs les catholiques, les orthodoxes, les musulmans nourrissent déjà les tensions dans les Balkans. Quelques communistes se joignent aussi à la mutinerie.
La troisième cause
Pour d'autres c'est la volonté de déserter purement et simplement. Considérant finalement que la vie militaire -et guerrière- n'était pas faite pour eux.
La mutinerie éclate dans la nuit du 16-17 septembre 1943, le lendemain matin elle est écrasée par d'autres unités Waffen SS Croates venant de Rodez, de Mende mais aussi par celles qui étaient en garnison à Villefranche de Rouergue. La mutinerie, sanglante, a donc été commise par une minorité et ne représentait pas de ce fait le bataillon, ni la division dans son intégralité.
Les chefs rebelles
De gauche à droite : Dzanic, Matutinovic, Vukelic |
Il est le principal instigateur de la mutinerie.
L'arrivée du Bataillon
Le 6 août 1943, une partie du matériel du bataillon arrive en la gare de Villefranche de Rouergue. Lorsque la mutinerie éclatera et en prévoyance d'une arrivée possible de renforts contre-insurrectionnels venant de Rodez, la gare est sous la surveillance armée des mutins.
Alors que la mutinerie échoue, les rebelles battent en retraite vers le quartier de la gare et tentent de rejoindre la campagne.
Sur cette carte postale nous pouvons voir la gare qui n'a d'ailleurs pas changé depuis et c'est tant mieux |
La gare heureusement encore en service de nos jours |
Vue sur les quais, aucun train n'arrivera de Rodez la nuit de la mutinerie |
Les casernements
Le SS-Geb.Pi.Btl.13 loge dans différentes écoles de la ville. Le terrain vallonné et la présence de l'Aveyron se prêtent assez bien à l'instruction d'une unité du génie mais la ville n'offre pas les baraquements d'un camp militaire comme Caylus situé à une trentaine de kilomètres seulement.
Le collège municipal, cantonnement de la 1. Kompanie a été détruit après la guerre.
Institution Saint Joseph
Infirmerie du bataillon
Institution Saint Joseph de Villefranche accueillait l'infirmerie du bataillon SS |
Institution Saint Joseph de Villefranche de Rouergue accueillait l'infirmerie du bataillon SS |
Ecole primaire Jean Pendaries
Y est établie la 2./SS-Geb.Pi.Btl.13
vieille carte postale de l'école Jean Pendaries |
L'école Pendaries de Villefranche de Rouergue, ancien cantonnement de la 2.Kompanie |
Le 28 août 1943, plusieurs chambres de l'hôtel moderne sont réquisitionnées par l'encadrement allemand, 6 officiers dont notamment le chef de bataillon le SS-Hauptsturmführer Heinrich Kuntz et le SS-Obersturmbannführer Oskar Kirchbaum, commandant de la place de Villefranche de Rouergue.
Le 17 septembre à minuit, la mutinerie éclate. Une dizaine de rebelles fait irruption dans l'hôtel Moderne et kidnappe les officiers allemands pour les emmener à l'école primaire supérieure des jeunes filles, le PC du bataillon où ils seront exécutés.
L'hôtel moderne est la banque Populaire à devanture bleue sur notre droite |
Ecole primaire supérieure des jeunes filles
Seul Alexander Michawetz, Kompaniechef de la 1. Kompanie, blessé par balle arrive à s'échapper et trouve refuge sur les hauteurs de la ville
le PC du bataillon où ont été exécutés les officiers allemands est aujourd'hui détruit |
Parc mémorial des croates
Bilan
La mutinerie fut un échec total, elle ne dura que quelques heures et à aucun moment Villefranche de Rouergue ne fut libérée puisque les éléments même du SS-Gebirgs-Pionier-Bataillon 13 écrasèrent la rébellion. Toutes les troupes, toute la ville n'étaient pas sous contrôle. Les mutins ont fait courir d'ailleurs un très grand risque à la population locale qui se terrait dans leurs maisons avec l'interdiction de sortir sous peine d'exécution, la loi martiale était décrétée. Heureusement aucune victime ne fut déplorée.
Il faut noter, contrairement à l'article de Georges Bernage parut dans un 39-45 Magazine, l'inaction totale de la résistance FTP et FFI locale dans la mutinerie. Lorsque les rebelles prennent position à la gare de Villefranche, le but était de riposter en cas d'arrivée de renforts venant de Rodez (elle viendra par la route), or si la résistance était active celle-ci aurait saboté purement et simplement les rails à l'heure H, ce qui était bien mieux qu'un affrontement aux abords d'une gare. Pire les renforts venant par la route sont arrivés sans encombre, sans aucun guet-apens. La résistance française était donc inexistante dans cette affaire. Comme bien souvent, après la guerre, les communistes tenteront de récupérer la mutinerie à leur compte
Après la guerre ils sont transférés au Deutscher Soldatenfriedhof de Dagneux dans l'Ain. Désolé je ne m'y suis pas encore rendu. il faut savoir que des français de la 8./Rgt 3 de la Division Brandebourg y sont aussi inhumés.
SS-Obersturmbannführer Oskar Kirchbaum |
repose au bloc 6 rangée 18 tombe 619.
Notons que Oskar Kirchbaum a été élevé au rang de SS-Standartenführer à titre posthume, chose courante dans l'armée allemande, qui sert souvent à améliorer la rente pour la veuve.
SS-Obersturmführer Gerhard Kretschmer |
repose au bloc 6 rangée 17 tombe 607
SS-Obersturmführer Julius Galantha |
repose au bloc 6 rangée 17 tombe 605
SS-Hauptsturmführer Heinrich Kuntz |
repose au bloc 6 rangée 18 tombe 617
repose au bloc 6 rangée 17 tombe 603
Les mutins
Comme le décrit Nicolas Camatta, certains éléments seront dégagés de la Waffen SS et se retrouveront comme travailleurs ou bien pour les plus réfractaires, en camp de concentration. Une chose courante puisque certains français de la LVF réfractaires au passage à la Waffen SS en 1944 subiront le même sort.
Pour la population de Villefranche de Rouergue aucune victime civile ne fut déplorée, les quelques civils interpellés ont été rapidement relâchés sans aucune poursuite pénale.
Après la mutinerie
Enfin dernier point important car cela aurait pu être le cas des mutins de Villefranche de Rouergue. En août 1944 le II.Bataillon du 1.IR de la 30.Waffen Grenadier der SS composé d'Ukrainiens se mutinait à son tour dans l'est de la France. Après avoir massacré plus de 200 allemands de l'encadrement, ils réussirent à rejoindre les rangs de la Légion Etrangère pour combattre l'Allemagne, de manière peu vigoureuse il est vrai. Après la capitulation allemande et suivant les accords passés entre les alliés, la France les livre aux mains des soviétiques, qui s'empressèrent de les exécuter, d'autres plus chanceux alors en permission en France, arriveront à se faire oublier parmi la population.
Nous Lirons
39-45 Magazine n°76 "Yougoslavie 1941-1945" mais nous éviterons 39-45 Magazine n°135 sept 97 dont l'article daté et s'appuyant sur les écrits idéologiques et non pas historiques d'un militant communiste comporte malheureusement de nombreuses erreurs.
L'auteur a quelques lacunes dans l'Armée allemande et ça se lit à la lecture de l'ouvrage, par exemple le "Nachrichten.Abteilung" qui est signalé comme "bataillon de signal" (sic), le Feldpostnummer non remarqué. Il faut dire que Nicolas Camatta s'est appuyé sur le livre de George Lepre ce qui explique beaucoup de choses sur ce point. Certes le livre a des défauts mais il a aussi ses qualités notamment de remettre les pendules à l'heure sur les mythologies d'après-guerre. Un indispensable.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe vous remercie pour votre intérêt sur ce sujet mal connu de la deuxième guerre mondiale. Néanmoins, étant auteur d'un ouvrage sur ce sujet, je me doit de rectifier certaines informations contenu dans votre article en vue non pas de vous discréditer, mais bien d'améliorer cet article déjà très bien documenté !
1 - Le portrait de l'Officier Oskar Kirchbaum que vous avez poster n'est pas le bon, il s'agit d'un homonyme, cette photo est également présente sur ce site bosniaque : https://handzar.jimdo.com/drugi-svjetski-rat/zapovjednici/oskar-kirchbaum/
L'Oskar Kirchbaum de la Mutinerie n'as pas du tout visage, le site Bosniaque fait erreur.
2 - Vous avez placé la Mairie à la place actuelle de la Mairie de Villefranche-de-Rouergue, mais en 1943, la Mairie de situé sur la place Bernard Lhez, de l'autre côté de l'Hotel Moderne. Le Batiment que vous avez mis en photo est l'ancien palais de justice, qui fut transformer en Mairie entre 1950 et 1960.
3 - La contre insurection n'a pas été decidé dans la Mairie, mais au Collège Municipal, suite au retournement des hommes du bataillon rester fidèle à l'Imam Halim Malkoc. La reprise en main de la vile s'est éffectuer depuis ce lieu, (où Vukelic à été arrêté dès les premières minutes du retournement) et s'est propager vers le Sud de la ville en direction de l'Hôtel Moderne où une violente fusillade éclata, dans laquelle Ferid Dzanic et Dizdarevic trouvèrent la mort.
4 - On ne peut pas réellement parler d'inaction de la part des FFI/FTP, puisque la résistance locale était inexistante, et sans doute pas au courrant de cette mutinerie qui était un conflit purement interne à la division. Les "Amis de Resistance" d'après guerre à aujourd'hui commémorent surtout l'héroïsme et l'audace de cette mutinerie (chose que malgrès tout, nous ne pouvons pas enlever à ces hommes, même si leurs objectifs sont pour certains, discutables)
5 - "156 Mutins aurait été tué par leurs camarades". Cette phrase est issus du livre de M. Louis Erignac écrit bien après les évènements, mais ne correspond nullement à la réalité. Le nombre de soldat mutins abattus avoisine les 15-20, comme l'a précisé le maire de l'époque M.Fontanges. Ces corps ont été ensevelis avec les 14 soldats exécutés le lendemain devant le bataillon pour servir d'exemple, et les 4 soldat déserteurs retouvés les jours suivants (18 Soldats executés en tout + une quinzaine tué lors de la mutinerie, on arrive aux alentours des 32 mutins tuer).
Un preuve que 156 hommes ne sont pas enterrer dans ce champs, est que les Allemands sont revenus quelques jours plus tard pour deverser de la chaux vives sur les corps afin de repoussé les chiens érrants qui détérraient les cadavres. Seulement 600 Kg de chaux ont été dispersé, cela aurait été très insuffisant pour dissoudre 156 cadavres. De plus, lors du chantier pour la reconstruction du mémorial dans les années 2000, aucun "charnier" n'as été découvert. Les 156 Hommes n'y sont pas.
Sinon je trouve votre article très bien écrit, cours et concis, félicitation !
Si par hasards vous souhaitez en connaître un peu plus sur cet évènement je vous invite à lire l'ouvrage "17 Septembre 1943 - Mutinerie à Villefranche-de-Rouergue".
Très bonne continuation, merci pour votre interrêt !
Cordialement,
Nicoals CAMATTA
J'ai acheté votre livre Monsieur Camatta, ma belle famille est de Villefranche et vous aviez interrogé pour votre ouvrage ' entre autre ' mon Beau Père, commerçant très réputé sur la ville .
SupprimerMerci à vous pour ce travail , d'archive ,d'avoir participé par vos précisions à ce super reportage d'un de mes blogs d'histoire préféré ...
Je viens de tomber sur ce site qui est super.
SupprimerJe suis l'administrateur de handzar.jimdo.com
Certes, j'ai trouvé une photo d'OSKAR KIRCHBAUM dans un livre, mais d'après les vidéos, cela ne me convenait pas. J'écris cela via un traducteur google, même si j'apprenais le français. divisions et si vous voulez, je peux t'envoie ton email ou?
Salutations à tous et contactez-nous
Je suis un petit-fils de Heinrich Kuntz et voudrais ajouter une photo de lui. Comment est-ce possible?
RépondreSupprimerBonjour, vous pouvez l'envoyer sur la page facebook : https://www.facebook.com/Historeich/
SupprimerMerci !