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Deux Waffen SS français à l'instruction à Sennheim
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Nous avions lu précédemment sur HistoReich que l'entraînement des Waffen SS Français n'était pas de tout repos, l'article sur le camp SS de Beneschau nous a montré que les français avaient perdu quelques hommes pendant l'instruction, c'est aussi le cas lors de leur incorporation au SS-Ausbildungslager de Sennheim...
Le SS-Ausbildungslager de Sennheim
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vue panoramique prise depuis l'Etat-Major d'une partie du camp d'instruction Waffen SS de Sennheim. A l'extrème droite, l'infirmerie du camp.
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Le camp d'instruction SS de Sennheim est situé à Cernay en Alsace, près de Mulhouse. Fondé en 1941 et destiné à former et "écrémer" les jeunes recrues de la Waffen SS, les locaux prennent place à l'institut Saint André, qui prend le nom de Sankt Andreas pour l'occasion puisqu'à cette date nous sommes en Allemagne.
Au fil des ans le camp va s'agrandir, terrains de sport, piscine, baraquements en bois avec leurs voies d'accès vont y être fabriqués. Jusqu'à la fin 1944, de nombreux volontaires européens vont y faire leurs classes on y compte des flamands, néerlandais, français mais devant l'avancée ennemie les allemands décident d'incendier le camp.
Aujourd'hui seuls subsistent quelques bâtiments en pierre tout comme la petite voie de chemin de fer qui passe devant le camp, détail qui nous intéresse aujourd'hui.
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1951. Le camp de Sennheim. Nous voyons les emplacements des baraquements en bois aux limites du camp, à droite au bord de la route ceux de la Wachkompanie, la 9ème.
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1943. L'Etat-Major du SS-Ausbildungslager Sennheim (1)
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Sur cette vue de 1943 nous voyons l'Etat-Major du SS-Ausbildunglager Sennheim où flotte le drapeau à Swastika et les bâtiments de la 1. et 3.Kompanie
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SS-Ausbildungslager Sennheim. Nous remarquons la petite tour que l'on aperçoit entre les arbres sur la photo précédente.
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SS-Ausbildungslager Sennheim (2). Le bâtiment situé devant la petite tour vue sur la photo précédente. L'Etat Major a encore son clocher.
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Derrière la claie nous voyons les rails, nous sommes dans l'axe de la D34 (3)
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SS-Ausbildungslager Sennheim. Bâtiment de gauche la section de musique, à droite le mess, réfectoire. Ces deux bâtiments sont toujours en place de nos jours
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SS-Ausbildungslager Sennheim. Le mess et réfectoire vu sur un autre angle.
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SS-Ausbildungslager Sennheim. Le réfectoire à l'heure de la soupe, on note l'absence de verre et d'eau
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SS-Ausbildungslager Sennheim. L'infirmerie, le bâtiment est toujours debout
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Les chambres étaient confortables et comparables aux dortoirs de l'Armée française des années 1990
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SS-Ausbildungslager Sennheim. Les baraquements en bois seront incendiés à la fin de l'année 1944
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Sur cette photo prise depuis le poste de garde du garde nous voyons la ligne de chemin de fer avec un train faisant la navette jusqu'au village de Sennheim même si la marche était largement préconisé. |
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Une troupe Waffen SS à l'instruction en ordre serrée avec l'EM à gauche sur la photo
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1947.SS-Ausbildungslager Sennheim. Ruine d'après guerre, il ne reste que les fondations et un peu de tuyauterie le reste a été dévoré par les flammes.
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Vue
actuelle sur les arrières du camp avec à droite l'ancien Etat-Major et à
gauche le bâtiment de Kompanie et la section de musique
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Les Waffen SS français à Sennheim
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Volontaires français de la Waffen SS à l'instruction à Sennheim en 1943
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En février 1944, le Franz.SS-Freiw. Regt. 57 (französisch nr.1) alors à l'instruction compte 6 compagnies, les français nouvellement arrivés y font leurs classes. Apprentissage à l'ordre serré, du maniement des armes, condition physique travaillée sont au programme. Il s'agit aussi de repérer les meilleurs éléments pour former les futurs officiers et sous-officiers qui seront, eux, envoyés soit à Bad Tölz soit à Posen-Treskau.
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Cela sent la marche forcée pour les Waffen SS français de Sennheim
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Destinés à former la future brigade d'Assaut, la SS-Sturmbrigade, après quelques mois d'instruction élémentaire les français prennent le train en la gare de Sennheim et partent pour le SS-Truppenübungsplatz Böhmen und Mahren dans l'actuelle République Tchèque. Là bas ils seront entrainés au combat, à la coordination entre les compagnies.
SS-Schütze Léon Gaultier témoigne
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SS-Untersturmführer Gaultier |
Léon Gaultier nous a laissé un intéressant témoignage sur son passage à Sennheim dans son livre "Siegfried et le berrichon"
"Le repos n'était guère qu'une courte pause entre les fatigues. L'entraînement avait valeur pour forger nos muscles et nous rendre la plénitude de nos moyens physiques. Mais, bien plus, il était conçu pour aguerrir nos esprits'....
...''A peine reprenait-on souffle, l'ordre venait de partir de nouveau pour des marches hachées d'escalades, de luttes et de courses à travers champs et que rien n'arrêtait. Et le répit ne valait que pour affronter le passage de murs de bois sans d'autres prises que les lamelles disposées au hasard, le franchissement de fossé à pic sur vingt mètres, la réptation sous les barbelés tendus à cinquante centimètres du sol et l'enlèvement de sacs de terre que des sentiers cahotiques nous voyaient emporter sur des centaines de mètres."...
"Le lendemain , avant que le jour ne paraisse, l'âpre sifflement du réveil nous lançait de nouveau sur les routes, dans les fossés, montant, escaladant, rampant, tirant jusqu'à ce qu'un nouveau soir ait raison de nos corps épuisés"
Léon Gaultier quitte
Sennheim en janvier 1944 pour l'
école d'officier SS de Bad Tölz . Devenu
SS-Untersturmführer, il rejoint ensuite la
SS-Sturmbrigade à Beneschau. Il est grièvement blessé lors des combats en Galicie en août 1944.
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Sennheim 1943. Passage de murs de bois décrit par Léon Gaultier. La technique connue est de mettre le plus costaud en haut pour qu'il puisse tirer les autres.
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SS-Sturmbannführer Heinrich Hersche
Le I./Rgt 57 (1er bataillon du régiment 57) est placé sous les ordres du SS-Sturmbannführer Heinrich Johann Hersche. Ce suisse de 55 ans est un ancien Major et chef instructeur de la cavalerie fédérale de Bern qu'il quitta en 1936. National-socialiste convaincu, il est étroitement surveillé par la police qui procède à des perquisitions et arrestations dans tous le pays. Sous la pression continue il émigre en Allemagne à la fin de l'année 1941. Hersche devient brièvement instructeur d'équitation pour civil à Munich puis s'engage dans la Waffen SS en février 1942 où en rapport avec son rang dans l'Armée Suisse il obtient le grade de SS-Sturmbannführer der Reserve. Fin 1943, début 1944 il est muté de la SS-Hauptamt de Berlin au SS-Ausbildungslager de Sennheim.
A la fin de la guerre Hersche, devenu SS-Standartenführer se trouve en Bavière avec sa femme et sa fille, il est à la tête d'un Régiment de marche composé de SS français venu du camp de Wildflecken. Il est fait prisonnier par les américains le 8 mai 1945. Après un séjour dans les camps de prisonniers il est remis aux autorités suisses en septembre 1947. Jugé et condamné, le 26 juin 1948 il est libéré pour bonne conduite après 8 mois de prison. Malade des poumons depuis plusieurs années, il décède dans la pauvreté à Hergiswil le 9 février 1971.
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SS-Sturmbannführer Heinrich Hersche |
Février 1944, Horreur à Sennheim !
En février 1944, un train de munition en provenance de l'arsenal maritime de La Spezia en Italie arrive sur le quai de Sankt Andreas puisqu'une ligne passe devant le camp. La compagnie de semaine, la 3.Kompanie du I./Rgt 57 doit décharger les munitions des wagons puis les entreposer dans le gymnase sous la salle des fêtes (curieux endroit pour stocker des munitions).
Le 10 février, les français sont à l'ouvrage quand soudain une énorme explosion retentit. Un des wagon a littéralement été soufflé.
Alarrmmm ! l'alerte est donnée dans tout le camp, les recrues comprennent vite que ce n'est pas un exercice. Attaque terroriste ? Sabotage ? instant d'inattention ? en tous cas le constat est sévère, parmi les débris de métal et de bois de nombreux corps gisent au sol.
Rapidement les munitions sont sortis du gymnase pour être stocker à l'extérieur, ils sont placés sous la garde des sentinelles de la 9. Kompanie, la compagnie de garde du camp composée de néerlandais et surtout flamands..
On ramasse les corps, soigne les blessés, le drame a fait 13 morts. Parmi eux 11 français de la 3.Kompanie. Plus tard, les cercueils sont transportés au cimetière de Mulhouse, l'inhumation a lieu dans la froideur du matin par -10°c. La 9.Kompanie est la compagnie d'honneur pour la cérémonie...
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SS-Schütze Andreas Terveer de la Wachkompanie (la 9.Kompanie) lors de la cérémonie, qui pourrait être au cimetière centrale de Mulhouse. Le jeune néerlandais, devenu allemand en 1943, a survécu à la guerre.
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Deutscher Soldaten Friedhof Bergheim
Inauguré le 7 juin 1975, le cimetière militaire allemand est situé en Alsace à la sortie du village de Bergheim. Entouré de vignes et placé sur une colline prénommée "Grasberg", le cimetière comporte 4 parties où reposent pas moins de 5 309 morts, la plupart tombés dans les combats de la fin 1944 et début 1945.
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Le cimetière militaire allemand se situe en sortie de village en haut d'une colline qui offre un beau point de vue, l'endroit est assez joli.
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cimetière militaire allemand de Bergheim
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cimetière militaire allemand de Bergheim |
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cimetière militaire allemand de Bergheim |
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cimetière militaire allemand de Bergheim |
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cimetière militaire allemand de Bergheim |
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cimetière militaire allemand de Bergheim |
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A l'image du mausolée du Mont de Huisnes qui offre un beau point de vue sur le Mont Saint Michel, celui de Bergheim vaut aussi le détour.
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Les Waffen SS Français inhumés à Bergheim
Enterrés au cimetière de Mulhouse en février 1944, les français ont été regroupés avec les autres combattants allemands dans le cimetière de Bergheim dès la première moitié des années 70. Parmi les victimes de l'explosion il y a aussi d'autres soldats qui n'étaient pas français, ils sont inhumés avec leurs camarades.
Lucien Prignot est né le 19 mai 1921 à Aulnois dans les Vosges
Robert Virrion vient de Lyon où il est né le 12 février 1922
Jules Dellebasse est né le 28 juin 1922 à Mecquignies dans le Nord
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Waffen SS français inhumés à Bergheim
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Albert Cottin est né le 9 septembre 1921 à Saint Jean la Potherie dans le Morbihan
Thadäus Swedeck, qui n'est pas français est né à Allicourt le 19 août 1923. Il est lui aussi victime de l'explosion du 10 février 1944.
Pierre Herpe est né le 18 septembre 1920 à Saint Goazec dans le Finistère
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Waffen SS français inhumés à Bergheim |
André Moncelet est né à Paris le 28 mars 1919. Noter qu'il est déclaré mort le lendemain de l'explosion
Marcel Morel est né le 28 mars 1906 à Creil dans l'Oise
Louis Rouzier (ou Rougier selon d'autres sources) est né le 27 février 1906 à Paris
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Waffen SS français inhumés à Bergheim |
Louis Grangeri né le 31 mai 1923 venait de Granville dans la Manche
Jacques Seguin est né à Paris le 21 février 1926
André Delebroucq venait du nord où il est né le 9 juin 1922
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Waffen SS français inhumés à Bergheim |
Leo Bandmae n'est pas français. Leo est né à Karski dans l'actuelle Pologne le 3 mars 1927, il décède dans l'explosion du train.
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Waffen SS français inhumés à Bergheim |
Puisque nous sommes au cimetière nous nous rendrons aussi sur la tombe du jeune Waffen SS français Yves Huet, né le 18 novembre 1921 il décède le 11 mai 1944 à l'hôpital de Colmar.
Il repose au Bloc 4 rangée 16 Tombe 788
Liens
Sur Bergheim
Sources pour cet article
Cernay 40-45 de Henri Mounine
Brigade Frankreich de Jean Mabire
excellent article historique!
RépondreSupprimerTrès intéressant! est-il possible de correspondre avec vous, ce nouvel article m'intéresse beaucoup. Étant historien travaillant sur le sujet, pensez vous pouvoir échanger par courriel?
RépondreSupprimerBonjour,
SupprimerDésolé, la personne qui s'occupe principalement de la partie "française" ne désire aucun contact. Je reçois les photos, certains textes (les témoignages notamment) et c'est à moi de faire la mise en forme.