samedi 28 octobre 2017

33.SS Division Charlemagne, reliques d'Elsenau

Dessin tiré de la bande dessinée "Ciel en ruine" où nous voyons des français de la Waffen SS

L'histoire des Français de la Waffen SS est un sujet longuement traité sur le blog. J'avais écrit il y a quelques temps un article sur la Division SS Charlemagne dans le secteur de Körlin en Poméranie, alors aujourd'hui nous restons en Pologne et nous nous rendons à Elsenau (Olszanowo), une petite bourgade qui compte de nos jours 129 habitants .

  Elsenau en 1945

 
Durant l'hiver 44-45, la  33. Waffen-Division der SS Charlemagne est envoyée en urgence sur le front en Poméranie où les troupes allemandes sont en grandes difficultés. C'est dans ce contexte particulièrement grave que le Poste de Commandement divisionnaire s'installe dans la petite bourgade d'Elsenau le 25 février 1945
 
Un vétéran de la Wach und Ausbildungskompanie nous raconte Elsenau : 
"Cette petite bourgade était traversée par deux petites routes et à l'angle de l'une d'elle se tenait une école; la compagnie prit ses quartiers dans l'école"
 
Le PC est protégé par la Wach und Ausbildungskompanie du SS-Obersturmführer Wilhelm Weber. Weber connait son affaire, c'est un ancien de la SS-Standarte "Germania", la même unité que Wilhelm Schulze.
 
SS-Untersturmführer de la 33 division SS Charlemagne
Wilhelm Weber avec le grade de SS-Untersturmführer
 
Wilhelm Weber est né le 19 mars 1918 à Detmold. Engagé dans la Waffen SS en 1937, il est SS-Rottenführer à la SS-Standarte "Germania" en 1939. Puis on le retrouve à la Wiking notamment comme chef de section (Zugführer) de la 15e compagnie du régiment "Germania" avant de passer à la SS-Junkerschule Braunschweig en 1942 où il y devient par la suite instructeur.
Versé à la SS-Panzer-Aufklarungs-Abteilung 2 de la 2. SS-Panzer-Division "Das Reich" en 1944, il est une nouvelle fois muté et rejoint la  33. Waffen-Division der SS Charlemagne en octobre 1944 en tant que SS-Untersturmführer, le mois d'après il est nommé SS-Obersturmführer.
 

Les T-34 attaquent !

 
La scène est tirée du film Stalingrad, les T-34, les forêts, la neige, des conditions similaires à Elsenau

Au matin du 25 février, les lignes de défense la Charlemagne sont malmenées sous la pression soviétique. Il faut que dire que les Français ont face à eux la 19e Armée soviétique du 2e front de Bielorussie du  qui est en pleine offensive, le 3e Corps de char de la Garde  du général Panfilov Aleksey Pavlovich été engagé dans la bataille. Ce Corps de chars a déjà affronté les Français de la LVF à Borisov en 1944 
Le bataillon du Waffen-Haupsturmführer Obitz qui commande le II./57 est contraint de se replier en arrière de Bärenwald mettant ainsi en danger le dispositif français. Obitz, qui n'avait sans doute pas reçu les ordres de reculer, se voit relevé de son commandement par le SS-Brigadeführer Krukenberg.
 
 
La progression soviétique du 24 et 25 février 1945 dans le secteur Bärenwalde -Bärenhütte-Elsenau. En pointillé rouge les lignes de défense successives des unités de la division Charlemagne
 
Les lignes françaises se retranchent sur la ligne de chemin de fer entre Bärenwalde et Bärenhütte puis les Français retraitent de nouveau en direction de Bärenhütte. A ce moment là, Le PC de la division est directement menacé par les Soviétiques qui investissent toutes les directions, Bärnehütte au nord-ouest et Elsenau au nord-est.
 
Les blindés soviétiques s'engagent sur cette route très étroite situé avant Bärenhütte. Les Soviétiques ne le savent sans doute pas mais le PC de la division Charlemagne n'est plus qu'à quelques kilomètres.

 

Alerte les chars arrivent !

 

Des détachements avancés des 3e et 18e brigades de chars de la Garde avec des fusiliers d'assaut montés sur les T-34 atteignent Elsenau à 14 heures, heure de Moscou (midi chez nous).  
Les MG 42 sont en position, les Waffen SS empoignent leurs Panzerfauste, les fusils sont armés. Les hommes de Weber, mais pas seulement, sont soutenus par une pièce de PAK, les avis divergent sur la présence de ce canon.
Les combats commencent, en lisant certains auteurs, la bataille d'Elsenau est digne des grands films, embuscade ingénieuse, destruction d'un T-34 avec une simple grenade (!), balles traçantes qui vous pourchassent et naturellement des carcasses de chars par dizaine, jusqu'à 19. Le chiffre parait énorme, reflète t-il la réalité ? depuis la route fortement étroite et la portée limitée d'un Panzerfaust, on a forcément du mal à le croire. En tous cas la résistance a été coriace puisqu'il s'agissait de défendre le PC.
 
Lieutenant Ravil Milibayevich Teregułow

Dans les faits, tout laisse à penser qu'après le premier T-34 détruit, les Soviétiques ont quitté la route pour manoeuvrer depuis les champs. 
A l'approche du village, le T-34 du Lieutenant de la Garde, le Tartare Ravil Milibayevich Teregułow est touché à deux reprises sur ses flancs par les obus d'un canon mais le blindé n'est pas détruit. Pour se protéger, l'équipage du char prend la direction d'un ravin situé à 300 mètres au sud d'Elsenau. Par une tactique habile, il surprend le PAK qui n'a pas réussi à changer son angle de tir à temps, le canon est détruit. Est ce la pièce mentionnée par plusieurs auteurs mais remise en doute par certains vétérans français ?  il y a une forte chance puisque sa présence est mentionnée dans les archives russes.  
  
Les positions des Français au sud d'Elsenau. Au centre, nous voyons l'infirmerie (école) à gauche et l'église avec son cimetière à droite.

L'école et l'église d'Elsenau, témoins des combats 

Continuons le récit,  des Français qui avaient retraité depuis Bärenwalde se tiennent dans le cimetière, qui était certainement autour de l'église comme cela se faisait auparavant dans les villages. Ce dernier offre un bon point de résistance qui finira toutefois par céder. 
Après quelques heures de résistance, avec l'arrivée de la nuit vers 18 heures, il s'agit maintenant de se replier vers le nord du village et de s'engouffrer dans les bois. Les Waffen SS évacuent en ordre dispersé, des groupes prennent la direction de l'ouest, d'autres vers le nord en direction de Stegers (Biały Bór) où les T-34 tueront encore quelques hommes en chemin. Les rapports soviétiques rapportent que durant cette journée du 25 mai, les lignes allemandes ont été enfoncées de 40 kilomètres !
Les blessés, restés à Elsenau, sont malheureusement abandonnés aux mains des Soviétiques.
 
Semyon Uritsky, tankiste du 3e régiment de chars de la 37e brigade mécanisée nous apporte quelques éclaircissements sur le cas des prisonniers :

« Lors de ces batailles en Poméranie, nous ne faisions pas de prisonniers, nous devions tous les tuer... On ne pouvait mettre d'Allemands sur notre char, et nos arrières se trouvaient à des dizaines de kilomètres derrière. Et où devions-nous les mettre ? Mais au début du mois de février, nous avons reçu un ordre strict. Aucun prisonnier ne devait être tué, et un homme de chaque équipage devait être chargé de les escorter vers l'arrière. À la mi-février, alors que l'effet de surprise avait déjà disparu, nous avions ralenti notre offensive, et dans chaque bataille, les Allemands nous opposaient une résistance acharnée, et la guerre devenait ordinaire, visqueuse et très sanglante, l'attitude envers les prisonniers devenait ordinaire. Ceux qui levaient la main restaient en vie ».

Des reliques retrouvés

 
Il y a quelques années, des fouilles ont été faites par un polonais disposant d'un détecteur de métal et il avait trouvé quelques reliques sous terre, sur les bas-cotés de la route menant à l'église et surtout quelques ossements. Le chercheur a prévenu des membres affiliés au Volksbund qui effectuèrent à leur tour des recherches. Plusieurs corps reposaient encore dans les champs et bordures de route aux alentours.

Je sais qu'après cet article, des Français (collectionneurs)  se sont rendus sur les lieux avec un détecteur. Je pense qu'il s'agissait de récupérer du mobilier, comme disent les archéologues, plutôt que de retrouver des corps ou bien même de comprendre la bataille. Un fusil italien de marque Beretta en très mauvais état y a été retrouvé.

 
1939. L'école d'Elsenau en plein agrandissement
 
L'école d'Elsenau était l'ancien poste de secours de la division. Un T-34 tira un obus en direction de l'école mais celle-ci resta debout malgré tout.
 
 
L'église de Elsenau où se tenait des MG 42, les combats qui s'y déroulèrent ont été terribles. Le style de l'église, en bois, est très jolie.
  
Le chercheur polonais, qui je le rappelle a eu l'intelligence de contacter les associations compétentes lorsqu'il a trouvé des ossements, a retrouvé deux plaques d'identifications, deux d'origines Waffen SS. Une des Erkennungsmarke comporte les inscriptions "Waffen SS 5126" avec à son dos "SS Hauptamt" , il s'agissait sans doute d'une plaque d'un allemand puisqu'il y en avait dans la Charlemagne.

Plaque d'identification d'un Waffen SS retrouvée à Elsenau

Le verso de l'Erkennungsmarke indique SS-Hauptamt confirmant celle d'un SS allemand

 
Il a aussi retrouvé un casque qui avait gardé les crochets de fixation du tissus camouflé recto/verso. Indiquant là encore qu'il s'agissait d'un Waffen SS. Un boucle de ceinturon fortement corrodée y a été retrouvée à côté laissant à penser que l'homme a été tué.   

Une seconde boucle de ceinturon avec la présence d'une énigmatique broche "Louisiane" avec les armoiries royalistes. Peut il s'agir d'un Français catholique né outre-atlantique ? l'hypothèse n'est pas farfelue puisqu'il y a eu des Waffen SS allemands nés au Brésil, en Argentine.
Boucle de ceinturon d'un Waffen SS et la broche "Louisiane"

Et nous pouvons voir

 
Les chars soviétiques T-34, comme les Sherman américains ne sont par rares. Vous pouvez en voir près des monuments aux morts dans les pays de l'est ou bien dans les musées comme celui de Saumur, Munster etc. 
 
Un modèle de char soviétique T-34 exposé au musée des blindés de Saumur
 
Un char T-34 exposé au Panzermuseum de Munster

Ce T-34 85 est aussi exposé à Saumur

 

 Liens

 
Le SS-Sturmbataillon à Berlin-Neukolln 1945
Le SS-Sturmbataillon à Berlin-Stadtmitte 1945


4 commentaires:

  1. Bonsoir. Pourriez-vous me détailler les marquages de la broche Louisiane (description ou bien photo du verso) ? Merci d'avance.

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    1. Désolé, les photos sont les survivantes d'un disque dur qui a rendu l'âme sans crier gare. Pour ce qui est des fouilles d'Elsenau, quand vous êtes une association déclarée et affilié au Volksbund, la réponse est oui

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  2. La mairie d'Elsenau vous a laissé procéder à des fouilles sans problème ?

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  3. Bonsoir. Le maire d'Elsenau (j'y étais la semaine dernière, car je suis comme vous, j'ai la passion des lieux historiques) m'a mis en contact avec l'association "PM" de Gdinya (justement affilié au Volksbund). Ce sont eux qui ont trouvé ces reliques ? Pour le disque dur, il m'est arrivé la même tuile, mais un informaticien, avec le bon logiciel "qui-va- bien", est à même de vous en récupérer 70-80%. Comme les toubibs, ils font des miracles désormais ! Cordialement.

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