Berlin Stadtmitte, 1er mai 1945
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U-bahn station Stadtmitte à Berlin où se trouvait le PC de la Nordland |
Le PC de la Nordland et donc du SS-Sturmbataillon Charlemagne y était installé depuis le 27 avril 1945. |
Le SS-Brigadefüher Krukenberg envoie son officier d'ordonnance le SS-Untersturmführer Valentin Patzak au Reichsluftfahrtministerium pour ramener les restes du SS-Sturmbataillon et les isolés de la Nordland. Valentin Patzak n'atteindra jamais l'imposant bâtiment de la Luftwaffe, le sous-officier a certainement été tué dans les 400 mètres qui séparent la station du RLM. Avec cette perte, les derniers combattants de la Wilhelmstrasse, dont les hommes d'Henri Fenet en position au RSHA ne seront pas prévenus de la percée.
Le départ
Peu avant minuit l'ordre de départ est lancé. Gustav Krukenberg part de la U-Bahn Stadmitte par son accès Est, celle située sur la Mohrenstrasse.
SS-Brigadeführer Krukenberg raconte :
"C'était un spectacle fantomatique qui s'offrait à nous en chemin. la Charlottenstrasse était jonchée de décombres, de même que la Friedrichstrasse. il était impossible au véhicule d'avancer dans ces voies."
La Friedrichstrasse après les combats, cerclé de rouge le pont de la bahnhof Freidrichstrasse |
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2009. Bahnhof Friedrichstrasse, les hommes de Krukenberg sont passés, comme nous, sous le pont ferroviaire |
Les soviétiques ont repéré le mouvement de troupe et rapidement de puissants tirs d'artillerie sont déclenchés empêchant toute tentative de traversée de la Spree. Le groupe Ziegler auquel appartient Jean Malardier décide d'emprunter une passerelle métallique à côté de la gare.
SS-Brigadeführer Joachim Ziegler |
Jean Malardier se souvient :
"Il existe heureusement pour nous une autre voie permettant de sortir de la nasse : la passerelle métallique qui, à gauche de la gare, enjambe la Spree. elle ne paraît pas avoir été prise pour cible jusqu'à maintenant, l'ennemi ayant sans doute estimé que son exiguïté - elle fait 2 mètres de large tout au plus- interdisait toute fuite massive. un certain nombre de personnes, cependant, l'ont déjà empruntée car on distingue nettement la trace de leur passage : le buisson de barbelés qui l'obstruait totalement a été repoussé sur un des côtés, où il forme une haute futaie le long du garde-fou."
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La passerelle métallique destinée aux piétons sera utilisée par les Waffen SS de la Nordland et du SS-Sturmbataillon. Celle-ci n'existe plus. |
La Reichstagufer et Friedrichstrasse
La Reichstagsufer borde la Spree et se situe juste avant l'entrée du pont Weidendamn. Georg Diers de la s.SS-Pz.Abt 503 est bordführer d'un des derniers Tiger. Il part examiné les positions quelques heures avant le grand départ.
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Georg Diers de la s.SS-Pz.Abt 503 |
Georg Diers se souvient :
"Vers 21h00, nous sommes arrivés à la Friedrichstrasse devant le pont Weidendammer, derrière nous une colonne de camarades, prêts à faire la percée, lentement rassemblé. Il y avait 3 ou 4 canons d'assauts et quelques semi-chenillés mais majoritairement des camions. Le pont Weidendammer était sécurisé par une barrière anti-tanks. Je suis retourné à la station Friedrichstrasse, j'ai descendu les escaliers où j'ai parlé avec quelques vieux officiers SS..."
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1945. La Friedrichstrasse à l'angle de la Reichstagufer avec les restes de véhicules détruits par l'artillerie Russe. |
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2009. Au même endroit |
Canon de Flak 3.7cm détruit juste devant le pont. derrière nous voyons l'hôtel Admiral Palast |
Weidendammer Brücke et Ziegel Strasse
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Weidendammerbrücke, le groupe Krukenberg le passe mais 1 heure plus tard le groupe Bormann y est sévèrement accroché |
Schumannstrasse
Venant de la Friedrichstrasse, le groupe Krukenberg oblique vers l'Ouest, vers l'hôpital de la Charité. Cerclé de rouge un bunker encore visible de nos jours. |
Deux Kubelwagen ont étés détruites sous les coups d'artillerie, tout comme les immeubles dévastés par de terribles incendies. Un soldat, certainement Waffen SS, git à côté de l'autre Kubelwagen. |
Sd.Kfz de la SS-Panzergrenadier-Division "Nordland" à l'angle de Friedrichstrasse-Reinhardt Strasse. |
Chausseestrasse
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2009. Même lieu |
Regroupement sur la Invalindenstrasse
Près du musée d'histoire naturelle sur Invalinden-Strasse, Krukenberg fait la jonction avec une autre colonne de la "Nordland" menée par SS-Brigadeführer Joachim Ziegler.
SS-Brigardeführer Krukenberg :
"Je rencontrai des éléments de la "Nordland" conduits par le Général-Major Ziegler, qui se joignit à nous avec ses compagnons. Il y avait là 4 ou 5 Chevaliers de la Croix de Fer dans notre groupe, dont le français Vaulot qui venait d'être décoré."
Cerclé le musée d'histoire naturelle et lieu de regroupement |
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Le musée d'histoire naturelle, le groupe Krukenberg y rencontre la colonne Ziegler. Ensemble ils remontent vers le nord. |
Schwartzkopff-Strasse
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La Chausse-Strasse au niveau de la station Schwartzkopf-strasse, sur la droite à l'angle des deux immeubles, la Wölher-Strasse et ses tireurs soviétiques. |
Brunnenstrasse
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La Brunnenstrasse à hauteur de la Lortzing-Strasse. |
Krukenberg se souvient :
"Il ne nous restait rien d'autre à faire que de tourner dans l'espoir de sortir peut être de la ville, par Gesundbrunnen, vers Pankow et de là vers Wittenau. Au début tout alla bien dans la Brunnenstrasse. Sans que l'on nous tire dessus, nous étions parvenu à hauteur de la Lortzing-Strasse, lorsque se déclencha un tir de mortier bien réglé, qui semblaient se tenir dans la région du chemin de fer de ceinture".
SS-Unterscharführer Vaulot est tué d'une balle dans la tête |
Krukenberg, Ziegler et quelques hommes se réfugient dans une cour d'un bâtiment d'angle. Le SS-Brigadeführer Ziegler est tué par un ricochet d'obus de mortiers. Le français Eugène Vaulot, ancien de la LVF, Chevalier de la Croix de Fer perd la vie d'une balle soviétique en pleine tête.
Finalement
les hommes doivent se séparer par petits groupes tandis que les
soviétiques, qui ont infiltré tout le quartier, attaquent les arrières
de ce qui reste de la colonne.
Fin de la tentative de percée
Gustav Krukenberg :
"Devant cet état de chose, nous revînmes vers la ville pour nous soustraire d'abord au feu de l'ennemi et réfléchir ensuite à ce que l'on pouvait encore faire. Nous aperçûmes à la hauteur de la Ziegelstrasse un char d'assaut carbonisé."
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1943. L'angle Friedrichstrasse/Ziegelstrasse, le groupe Krukenberg est quasiment revenu sur ses pas |
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Un StuG type Sd.Kfz 142/1 Ausf G a passé le Weidendammerbrücke mais a du être abandonné quelques dizaines de mètres plus loin. Les rues ont été déblayées, nous apercevons une nouvelle fois le pont ferroviaire de la gare Friedrichstrasse |
Epilogue
La percée du SS-Unterscharführer Georg Diers
Volontaire pour les Waffen SS, il s'engage en avril 1940 avec le SS-Regiment Germania puis il est versé au SS-Regiment Nordland.
Il rejoint le front du Caucase en 1941.
A l'été 1942 il est à la lutte antichar avec un PAK 36 mais en septembre, près de Grozny, Diers est sérieusement blessé au bras. Il est rapatrié par Junkers 52 sur la Pologne puis sur un hôpital à Wien (Autriche).
Durant sa convalescence il est nommé SS-Unterscharführer et débute une formation dans les blindés
Il reprend du service sur le front en Croatie. En novembre 1943 il est muté à la (s)SS-Panzer-Abteilung 503 en cours de formation en Allemagne. Il apprend sur Tiger Ausf E puis Tiger Ausf B.
Début 1945, il combat en Poméranie puis les retraites successives l'amène à défendre Berlin le 21 avril.
Combat pour Berlin
Le 27 avril, SS-Unterscharführer Diers est à l'affut près de la place belle-alliance qu'il surveille depuis son blindé.
Le 30 avril, le 314 doit quitter sa position de la Postdamer Platz nous sans avoir fait, auparavant, de nombreuses victimes chez les soviets.
Le 1er mai, il doit se rendre au Führerbunker. Une mine de son Tiger est destinée à disperser les restes du Führer. Là il reçoit l'ordre, du nouveau Chancelier du Reich le Dr Josef Goebbels, de prendre part à la tentative de percée.
Le Tiger de Diers passe la Friedrichstrasse puis la station de métro de Oranienburger et, comme le groupe Krukenberg, il se retrouve bloqué sur la Chausseestrasse.
Il rebrousse chemin sur la Invalindenstrasse puis Bernauertrasse, Brunnenstrasse pour rejoindre le Flakbunker de Humboldthain où de nombreux soldats se sont regroupés.
La marche en avant reprend mais bien vite la chenille du Tiger rend l'âme. Diers saborde son blindé et continue son dramatique périple dans un camion Opel Blitz qu'il abandonne pour une voiture.
Le Tiger de Georg Diers sabordé |
Soviétiques devant le Tiger de Georg Diers |
Autre vue du Tiger de Georg Diers. A droite une rame de tramway qui a servi à faire barrage |
Diers sera déporté vers un camp de travail forcé en Russie et ne retrouvera son foyer qu'en décembre 1949.
Liens
Sur le SS-Sturmbataillon à Falkenrehde
Sur le SS-Sturmbataillon à Berlin-Neukolln
Sur le SS-Sturmbataillon à Berlin-Stadtmitte
Sur le cimetière de Berlin-Heiligensee
Bonjour, comment ont été capturés les hommes (comme Malardier, par exemple) qui accompagnaient Krukenberg dans cette tentative ? S'agissant du camp de Francfort-sur-l'Oder et du retour en France, les rapatriements ont-ils bien débuté dès fin juin, ou bien des retours ont été réalisés à la façon isolée de celui de Fenet ou par évasion ? Cette interrogation car un volontaire était aux alentours du 20 juin dans le camp et le 12 juillet il était incarcéré en France. Merci
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