Affichage des articles dont le libellé est Musée du Bourget. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Musée du Bourget. Afficher tous les articles

jeudi 16 janvier 2020

Focke Wulf FW190 Musee air et espace du Bourget


Après avoir vu le Heinkel He 162 nous restons au musée de l'air et de l'espace du Bourget pour voir un très rare Focke Wulf 190 "français" dénommé NC 900. En même temps nous nous rendons à Cravant près d'Auxerre, l'usine atelier de réparation des Fw 190.

L'atelier-usine de Cravant

Sur cette vue nous voyons les trois entrées de l'atelier-usine de Cravant. L'Yonne coule à ses pieds, les Fw 190 y étaient amenés sur barges puis débarqués. 

Vue datant de 1949 avec les trois entrées de l'usine aéronautique de Cravant. En face de l'entrée principale nous voyons sur l'autre rive une voie menant à la piste d'envol.

L'une des entrées de l'atelier-usine

Seconde entrée, la troisième étant murée et rendue presque inaccessible avec la végétation
 
En 1939, le constructeur d'avions Lioré et Olivier commence à établir une nouvelle usine souterraine dans une carrière de calcaire de 35 hectares à Cravant près d'Auxerre. L'usine comprenait une petite piste d'envol et des abris. En 1940, avec le retrait des troupes françaises elle tombe aux mains des allemands et n'est plus utilisée pendant quelques années.
 
Sur la rive de l'Yonne nous voyons la voie menant à la piste d'envol qui n'est pas si petite que cela. les 3 entrées de l'usine-atelier se trouve juste en face, sur l'autre rive.
 
A cause des bombardements ennemis, les allemands décident en 1943 de relocaliser la réparation des Focke Wulf Fw 190, le site de Cravant est désigné par l'Organisation Todt pour le compte de l'usine Ago Flugzeugwerke. Le 6 février 1944, le centre de réparation est opérationnel. il porte le nom de "Sonderreparaturbetrieb GL & Elbag Lager 918 Auxerre". La piste d'envol est agrandie et les allées intérieures agrandies.
Les carcasses d'avions ou ceux moins endommagés sont déplacés à l'intérieur sur rail.
Le 18 août 1944, devant l'avancée anglo-américaine les allemands tentent d'exploser le lieux avant de l'abandonner. Deux jours plus tard, les américains s'emparent de Cravant.  
 
Bunker sur l'un des deux axes menant à l'atelier-usine

Le second bunker situé à l'autre extrémité de l'axe

 

Du Fw 190 au AACr NC 900           

atelier-usine de Cravant des Focke Wulf 190 français NC 900
l'atelier-usine souterraine de Cravant, des Focke Wulf Fw 190 y sont alignés
 
La guerre n'est pas encore finie mais rapidement Charles de Gaulle décide de reconstruire une Armée de l'Air. Avec des finances limitées il est décidé d'assembler les Fw 190 de Cravant. Le coût de revient explique cette décision, un Supermarine Spitfire coûte 12 millions de francs suisse lorsqu'un Fw 190 n'en vaut que 1,5 million. Le franc suisse, monnaie stable et non dévaluée était utilisée pour les transactions financières durant cette période.
 
En Novembre 1944 est créée la Société Nationale de Construction Aéronautique du Centre de Cravant (SNCAC). Des Fw 190 A5 et A8 sont assemblés et bientôt d'autres appareils abandonnés ici où là sur des pistes improvisées sont récupérés et envoyés à Cravant.
 
Le premier Fw 190 sort le 16 mars 1945 est nommé NC.900 AACR (AACR pour Atelier Aéronautique de CRavant).
Les premiers appareils sont livrés en juin 1945 à l'escadrille "Normandie-Niemen" mais les pilotes ne veulent pas piloter l'avion de leur ennemi.
L'escadrille de NC 900 est basée à l'aéroport du Bourget mais comme l'Avia S-199, le Messerschmitt Bf 109 tchèque, les moteurs BMW 801D-2 qui équipent les avions présentent de nombreux problèmes. Ils  ont été en partie sabotés par les ouvriers pendant la guerre, une chose classique qui touchait aussi les moteurs des panzers. Le 18 février 1946 les NC 900 n'ont plus le droit de voler et l'activité de l'atelier-usine de Cravant est arrêté après l'assemblage de 64 appareils.
 

Retirés du service

NC 190 de cravant
NC 900 aux couleurs de l'Armée de l'Air, le seul exemplaire peint en gris alors que les autres sont verts
 
Le 1er novembre 1946 les NC 190 du GC III/5 "Normandie-Niemen" sont retirés du service actif, leurs états de services sont donc relativement courts.
50 appareils sont utilisés par le Centre d'Essais en Vol de Brétigny sur Orge, certains sont utilisés comme avions d'instructions. Le dernier vol a lieu le 22 juin 1949. Un seul NC 900 a survécu, il est exposé au musée de l'air et de l'espace du Bourget





Musee air et espace du Bourget


Fw 190/NC 900 du musée du Bourget

Fw 190 Schwarze 13 "Jutta" du Major Priller
 
Le Fw 190 a été fabriqué en France en 1945, il s'agit donc d'une SNCAC NC.900, sur les 70 exemplaires assemblés notre modèle est le 62ème. Il a été livré au musée du Bourget en 1947.
Plutôt que de le garder aux couleurs françaises il a été malheureusement repeint aux couleurs de la JG 26 "Schlageter" et plus particulièrement le Schwarze 13 "Jutta" de Josef Priller (il utilisa des Fw 190 A5 et A8 à la fin de la guerre).
 
Musee air et espace du Bourget
Le Fw 190 était intégré à l'Armée de l'Air française sous le nom NC 900

Musee air et espace du Bourget
Je trouve dommage que l'avion ait perdu ses couleurs française d'après guerre pour une peinture allemande bien connue mais pourtant moins historique.
Musee air et espace du Bourget


Musee air et espace du Bourget
Le Fw 190 (NC 900) est exposé à côté d'un Me 109

Qui est Josef Priller ?

Josef Priller est né le 25 juillet 1915 à Ingolstadt (ville bien connue pour ses voitures Audi). De la bataille de France en mai 1940 au 1 janvier 1945 il est titulaire de 101 victoires obtenues sur le front Ouest.
Il est à Jagdgeschwader 26 lorsque l'Invasion commence. Avec un de ses camarades pilote il survole les plages du débarquement le 6 juin 1944, un exploit de s'en sortir vivant. Malgré le ciel normand dominé par l'ennemi il réussit, le 7 juin, à abattre un Mustang P-51 et un Republic P-47 !
Il survit à la guerre, se marie et dirige une brasserie. Il devient consultant pour le film "Le jour le plus long" avant son décès d'une crise cardiaque à Böbing le 20 mai 1961, il n'avait que 45 ans.
Josef Priller repose au Westfriedhof de Augsburg. Une rue de la ville porte d'ailleurs son nom.
       
JG 26 luftwaffe
Josef Priller

Nous lirons

Du Fw 190 au NC 900 aux éditions Lela Presse
Sur le sujet je ne conseille que ce livre qui est LA référence

 

Liens

Heinkel He 162

vendredi 19 mai 2017

Heinkel He 162 A2 Spatz, le chasseur populaire


Direction Paris et plus précisément Musée Air & Espace du Bourget qui comme nous nous souvenons était aussi un aérodrome utilisé par la Luftwaffe. Après le Focke-Wulf Fw 190 HistoReich s'arrête devant un avion à réaction utilisé à la fin de la guerre, le Heinkel He 162 A2.

Le Heinkel He 162

L'avion à réaction Heinkel He 162 Spatz (moineau), ici au musée du Bourget, a été conçu en 1944 et entre en service en 1945 avec peu de succès.
L'avion est unique sur deux points : sa configuration avec son réacteur BMW 003 E-1 sur le dos et le temps écoulé entre la commande officielle et le premier vol du prototype : soixante quatorze jours soit le 6 décembre 1944 sur l'aérodrome de Vienne-Schwechat.
Quatre jours après le premier vol, le prototype s'écrase tuant le pilote Gotthold Peter. Les ailes en bois s'étant arrachées à près de 700 km/h.
Après plusieurs prototypes, la vitesse maxi du Heinkel s'établit à 725 km/h. Malgré la médiocrité relative de l'avion une première livraison est effectuée le 14 janvier 1945. Il était initialement prévu que mille appareils par mois sortent des volksjägerwerk (usine du chasseur populaire) dans la réalité un total de 180 à 185 avions seulement.

Aujourd'hui, il ne reste plus que 7 exemplaires dans le monde. Nous en retrouvons un aux USA "le Gelb 3" puis un autre à Berlin "Gelb 4"

 

He 162 Volksjäger Spatz en cours d'assemblage dans des conditions précaires, fin de guerre oblige
 
Le He 162 A2 exposé au musée est le plus ancien au monde puisque qu'il est le 15ème exemplaire construit  par l'usine Heinkel de Marienehe en janvier 1945. Il porte le W.Nr 120015 et était dénommé "Gelbe 21" soit "Jaune 21"
Il est intégré au I./ JG 1 "Oesau" à Ludwiglust. La guerre se termine et le 6 mai 1945, les avions He 162  sont rassemblés par les britanniques sur le terrain d'aviation de Leck près du Danemark.
 

Notre Heinkel He 162 à Ludwigslust en avril 1945. Le museau de l'avion est peint en noir/blanc/rouge
Mai 1945, Leck. Aux mains des anglais notre Heinkel "21" (flèche) est aligné avec les autres appareils

 

Le Heinkel He 162 à l'Armée de l'Air

Aucun He 162 ne se trouve dans la zone d'occupation française mais les britanniques décident de donner quelques exemplaires aux Français. En février 1946, cinq appareils ainsi cédés il s'agit des :

"Rote 7". rouge 7-310003 He 162 A1
"Gelbe 1" jaune 1-120223 he 162 A2. III./JG 1
"Gelbe 5" jaune 5-310012 He 162 A1
"Gelbe 21" jaune 21-120015 He 162 A2. I./JG 1
"Weisse 2" blanc 2-120093 He 162 A2. I./JG 1

Les avions prennent la direction de Nanterre, ancien BeutePark 5 de la Luftwaffe, puis à Boulogne-Billancourt. Trois He 162 A2 sont destinés à voler tandis que les deux He 162 A1 seront démonter pour être étudier. Les trois avions sont envoyés par camions à Toussus le Noble puis Orléans-Bricy
En parallèle, l'Armée de l'air récupère 6 moteurs BMW 003E, envoyés au dépot de Nanterre puis Rochefort.
 
 
Février 1946, les Heinkel sont chargés sur les wagons en direction de Nanterre
 

Mars 1946. Boulogne Billancourt, le Rote 7 au premier plan

En avril et mai 1947, les trois modèles A2 sont testés sur l'aérodrome Orléans-Bricy par deux pilotes, Abel Nicolle et Louis Bertand. Le "Gelbe 21" est devenu entre temps N°2. L'avion reçoit une nouvelle livrée gris/beige avec cocarde tricolore à l'arrière du fuselage. Fin mai 1947, il est décidé d'envoyer les avions au CEAM à Mont-de-Marsan.

Le "Gelbe 21" devenu "N° 2" sur l'aérodrome de Orléans-Bricy. Il est équipé de ses canons MG 151/20.

En juilllet 1947, les trois avions précédemment démontés arrivent par voie ferrée à Mont-de-Marsan où ils sont remontés. Ils deviennent opérationnels en septembre 1947 et sont utilisés à la formation de pilotage de jet à réaction, néanmoins avec la faible autonomie du Heinkel, 20 à 30 minutes environ, les pilotes ne s'éloignent pas trop de la piste. 

En 1948, le Heinkel n°2 subit quelques transformations, son armement est retiré. Fin mars 1948, le Lieutenant-Colonel Hervé Longuet prend les commandes du Gelbe 21/N°2, ce sera le dernier vol de l'avion.

En 1949 notre He 162  part à l'école technique de Rochefort-sur-Mer où des mécaniciens se forme aux moteurs à réaction. Il y reçoit une étonnante livrée rouge-bordeaux.

En août 1952, le Heinkel est attribué au musée de l'air de Meudon où il est exposé à côté d'un Focke Wulf Fw 190/ NC 900, que l'on retrouve aussi au musée du Bourget. En 1965, nouvelle peinture avec une livrée vert-noir et croix allemandes.


Au musée Air & espace du Bourget

Le musée Air et Espace du Bourget à Paris

En 1975, il rejoint le musée du Bourget. En 1976, l'avion est décapé de ses très nombreuses couches de peinture. Une dérive arrière permet de remarquer le WNr 120223 puis l'avion est peint en vert et gris et devient "Gelbe 1" de la 3./JG1.

Heinkel He 162 au musée du Bourget en 1975

En 1988 les cockpit est restauré et après des recherches dans les archives allemandes il apparait que l'avion est bien le WNr 120015, confirmé par la plaque constructeur retrouvée dans le fuselage. La dérive arrière avait du être changée entre 1946-1947 ce qui avait induit les restaurateurs dans l'erreur.

En 2005, il part du musée pour une nouvelle restauration. Son moteur BMW est rénové, l'intérieur démonté, le fuselage traité contre la rouille. La rénovation s'achève en mars 2009, il est redevenu le "Gelbe 21" 120015

Comme nous le montre cette photo le "Gelbe 1" était initialement le 120223. Sa dérive arrière fut montée plus tard sur le "Gelbe 21"

Le He 162 est équipé d'un siège éjectable partiellement blindé mais comme il manquait sa cartouche, le siège n'était plus éjectable pendant les essais 
Le corps de l'avion est en métal mais les ailes sont en bois
Gelbe 1 et WNr 120223 où comment une simple dérive arrière sème la confusion

Le Heinkel He 126 A2 à l'atelier
 
L'avion est décapé, le moteur entre en réfection
 
Le cockpit du Heinkel He 162 A2 du Bourget. Il y a même le viseur.

L'instrumentation est d'origine




Les spécialistes travaillent sur la turbine BMW


 
Mars 2009, le He 162 A2 "Spatz" est redevenu le "Gelbe 21"

 

Sources pour cet article

 
Collection personnelle FP HistoReich
JG 1 Oesau 1944-1945 Marek J Murawski
Flugzeug 07 Juillet 2006
Flugzeug 08 Août 2006
AFM n°6 Octobre 2005 

Liens