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Carte du front du 17 août au 19 août 1944 |
A Nécy, un Tiger est en position à l'angle de la rue de l'église et de la rue de
Champeaux, il prend sous son feu l'ennemi qui pourrait surgir au
nord-ouest du village. Il ne pourra pas évacué Nécy et sera finalement abandonné par son équipage. La prise du village ne se fera pas sans pertes, les Britanniques arriveront par le sud, depuis l'actuel D 29 mais ils y laisseront quelques blindés, un Sherman y sera sérieusement sonné, la tourelle gisant à côté de la caisse.
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Un Tiger a été abandonné à Nécy |
Partir de Nécy
Les trois Tigres réunis, ceux du SS-Obersturmführer Kalls (Tiger "141"), SS-Untersturmführer Schroif, SS-Untersharführer Glagow doivent maintenant repartir de Nécy, un village tenu depuis la veille par les Waffen SS de la 12.SS.Panzer-Division "Hitlerjugend" mais le village est déjà sous la pression du 53rd Infrantry Division. La mission des trois chars est de rejoindre le secteur de Vimoutiers au nord-ouest pour soutenir l'attaque du II.SS-Panzerkorps.
Le jour va bientôt se lever mais sur le trajet, nos Tigres vont se frotter à un groupement antichar britannique du 2nd Battalion The Monmouthshire Regiment, ce bataillon d'infanterie de la 160th Infantry Brigade a reçu l'ordre de prendre les hauteurs au sud de Nécy, dont la fameuse côte 236. Ce mouvement britannique n'est pas connu des Allemands qui ne se doutent pas une seconde que la voie nord-est est en train de se refermer.
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SS-Untersturmführer Martin Schroif (1915-1979) |
A l'aube vers 5h15, le petit groupe blindé avec dans l'ordre le "141" Kalss, "241" Schroif, "114" Glagow roulent en direction du nord-est, la route est étroite, le terrain un peu vallonnée, la visibilité n'est pas excellente pour nos tankistes. A un croisement, ils tombent sur un sur les Britanniques. La surprise est totale des deux côtés. Kalss fonce avec le panzer de commandement devant un canon antichar. Le panzer dépasse la pièce et continue à plein gaz sur la route.
Schroif, qui suit, ne tire pas sur la position ennemie, une mitrailleuse anglaise prend pour cible son char avec des gerbes de traceuses mais, à courte distance, le Tigre essuie de violents coups d'obus antichars à l'avant. Dans la caisse, le radio et le conducteur sont grièvement blessés, le colosse de 60 tonnes est stoppé net. Le 3e panzer, celui de Glagow, qui suivait à pleine vitesse, percute brutalement le char de Schroif. Le choc est violent.
Maintenant lisons le journal du 2nd Battalion The Monmouthshire Regiment
"Vers 6 heures, nous avons entendus le vrombrissement de moteurs de chars venant du nord. Certains d'entre nous pensaient qu'ils s'agissaient de Shermans, mais le grondement n'avait pas le bruit caractéristique des Shermans. Quelques minutes plus tard, nous avons vu trois Tigres allemands. Immédiatement toutes les personnes disponibles ont ouvert le feu sur eux, mais ils passèrent les lignes de compagnie D sans dommage et arrivèrent au carrefour qui était défendue par la compagnie C (Major Alfred John Chaston) et le QG du bataillon.
Un véhicule blindé d'observateurs d'artillerie bloquait la route. Le Tigre le percuta et le projeta contre le mur de la grange jusqu'à ce qu'il ait suffisamment de place pour passer. Le Tigre a ensuite attaqué le véhicule blindé du commandant qui avait été abandonné par son équipage en toute hâte.
Dès que la voie fut libérée, le Tigre continuait à traverser les positions de la compagnie B. Un opérateur radio perspicace a alerté les soldats de la compagnie, bientôt nous avons entendu trois fortes détonations. Le QG du bataillon a pensé que les Tigres avaient ouvert le feu avec leurs canons de 88mm, mais quelques minutes plus tard, le commandant de la compagnie B s'est rapidement manifesté et a rapporté avec regret qu'un char avait réussi à s'échapper.
Le premier Tigre a réussi à contourner un piège à grenades Hawkins près du QG, mais le second en a activé deux et s'est enfoncé dans le fossé. Le troisième Tigre, qui roulait à toute allure comme le reste des chars du groupe, a percuté le char immobilisé devant lui, qui, à ce moment-là, avait également été touché par un PIAT. Le canon du char a pénétré dans le conteneur de stockage de la tourelle du second Tigre (rommelkiste.Ndlr). Même si la grenade n'a pas pénétré le blindage"
Le char qui a réussi à s'échapper, au grand regret des Britanniques, est le Tiger "141". Le SS-Unterscharführer Ernst Pleger était le Fahrer du Tiger de Kalls, il raconte :
"Quand plusieurs minutes après, les autres chars n'apparaissent pas, nous nous arrêtons et reculons à vitesse lente pour vérifier où ils sont. Mais après avoir passé un virage, nous essuyons une telle "magie de feu" qu'il aurait été insensé de continuer à rouler ! Des obus antichars éclatent contre la tourelle et la caisse, des rafales de mitrailleuses crépitent sur nos parois, quelque chose doit nous arriver ! alors arrivent rapides et clairs les ordres du Kommandant : "Panzer halt ! - Panzer vorwäts marsch marsch !" D'un seul coup qui nous fait heurter les parois, le char s'arrête pour bondir immédiatement en avant avec le moteur qui s'emballe bruyamment."
Concernant les deux autres panzers, le Tiger "241" aurait donc reçu deux obus antichars à l'avant de la caisse, Schroif et son chargeur sont blessés mais réussissent toutefois à échapper à la capture, les membres d'équipage placés à l'avant de la caisse, le conducteur et
le radio ont été grièvement blessés..mais quid du pointeur-tireur ? L'équipage du Tiger "114" est fait prisonnier par les Anglais, ont ils été sonnés voir blessés dans le choc, en tous cas l'histoire du 114 avec Glagow aura été brève.
Un peu plus haut nous avons lu que le "241" aurait succombé à des grenades Hawkins plutôt qu'a des tirs d'un canon. Si c'est le cas, les grenades auraient alors endommagé le train de roulement, le tir d'un PIAT à faible distance aurait causé l'incendie du Tiger. Pour d'autres, le char a été immobilisé par deux obus antichars. Après sa marche arrière, le char de Kalls a eu affaire lui aussi à des obus antichars. En tous cas dans les deux récits il y a eu deux explosions.
Après les combats dans le secteur, les deux chars immobilisés sont stockés dans un des champs de la ferme "Le fourneau", à 800 mètres du village de Brieux. Il était courant que les champs des agriculteurs soient occupés par des épaves regroupées après la bataille. Le Fourneau n'y faisait pas exception, il se peut d'ailleurs qu'il y avait plus que deux blindés.
A propos dans le secteur de Brieux, il existe deux "fourneau" le lieu-dit et la ferme, ils sont distants de 1500 mètres environ. Comme la vue aérienne présentée ci-dessous nous le suggère, il s'agit de la ferme "Le fourneau".
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Sur cette vue, nous voyons la ferme "Le fourneau" ainsi que deux blindés rangés côte à côte le long de la D 245. |
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