samedi 1 novembre 2025

L'Uffz Paul Schwarz de la JG 26 repose à Bourdon

 

Direction le département de la Somme pour le portrait d'un jeune pilote de chasse de la Jagdgeschwader 26 "Schlageter". Comme d'habitude, je me rends dans le cimetière militaire allemand de Bourdon, devant sa tombe. Pour ceux qui souhaitent visiter un cimetière militaire je vous conseille d'y aller par temps sec, en été, ou sinon, de prendre des bottes, car vous mettrez les pieds dans l'herbe. 

Qui est Paul Schwarz ? 

Autant l'écrire tout de suite, les informations sur le pilote sont assez maigres. Paul Schwarz est né le dimanche 11 mars 1923 dans le sud-ouest de l'Allemagne à Pfullingen, une ville du Bade-Wurtemberg. A l'âge de 20 ans seulement, il est versé à la 6. Staffel de la Jagdgeschwader 26 "Schlageter" (6./JG 26). On lui confie les commandes d'un Focke Wulf Fw 190A-5.

Uffz Paul Schwarz 6./JG 26

 

Il abat un Spitifire d'un leader

 
Un Supermarine Spitfire touché par la chasse allemande

Dans l'après-midi du jeudi 17 juin 1943, les pilotes de la JG 26 se précipitent vers leurs avions, l'ennemi est signalé en direction du Pas-de-Calais. Alors qu'ils s'attendaient à intercepter des bombardiers, ils se retrouvent face à des Spitfires "canadiens", qui couvrent l'aile du Rodeo 231. Durant l'affrontement, un pilote allemand, l'Uffz Günther Freitag de la 8./JG 26, est mortellement touché. A 15h56, à Alquines, Schwarz tient dans son viseur un Spitfire Mk IX LZ996. L'avion est celui du leader du 421 "Red Indian" Sqd RCAF, le  S/L  Phillip Leslie Irving Archer âgé de 27 ans. L'avion de Schwarz crache le feu et le Spitifire est touché. Archer décide de ne pas sauter en parachute et tente un atterrissage de fortune. Il n'est pas loin de réussir sa manoeuvre lorsque son avion heurte la cime d'un arbre, ce qui lui sera fatal : le pilote se tue en heurtant le sol. Des civils se précipitent sur les lieux du crash, mais découvrent le corps sans vie du natif des Barbades. Les Allemands arrivent à leur tour sur les lieux, ils dégagent les civils et extraient le corps de l'appareil puis l'inhument au cimetière de Longuenesse.
Dans la soirée, Schwarz accompagné d'un de ses camarades, se rend sur les lieux du drame. C'est la première victime du pilote de la Schlageter
 
Phillip Leslie Irving Archer

Phillip Leslie Irving Archer est inhumé au cimetière de Longuenesse Saint Omer carré 8 rangée A tombe 1
L'Uffz Günther Freitag repose au cimetière militaire de Bourdon au bloc 32 rangée 8 tombe 316  


Son dernier envol 

Le jeudi 15 juillet 1943, en début d'après-midi, une douzaine de bombardiers Bostons sont signalés en direction de l'aérodrome de Poix. Ils sont accompagnés de chasseurs-bombardiers Typhoons et de Spitfires. Les Messerschmitt Me 109 et Focke-Wulf Fw 190 de la JG 26 décollent de Poix et de Vitry, et interceptent les appareils ennemis avant qu'ils n'atteignent Poix. C'est encore un combat mortel dans le ciel : sept avions à la cocarde britannique sont envoyés au tapis, dont deux sont attribués au Major Galland. Pour l'Uffz Heinrich Krieg de la 5 Staffel les choses sont plus compliquées : son Fw 190A-4 est touché et le pilote doit sauter en parachute au-dessus de la Manche.   

Un Fw 190 de la JG 26 "Schlageter" part en mission d'interception

L'Uffz Paul Schwarz est dans les airs à la recherche de l'Uffz Krieg mais le pilote tombé à l'eau est introuvable. Le groupe doit maintenant se retirer et prendre la direction de Ligescourt où il doit atterrir. Il est 18h00 lorsque le moteur du Fw 190 commence à ratatouiller. La panne et sérieuse, et pourtant, Schwarz ne saute pas. Ce fut une mauvaise décision. Le jeune pilote de 20 ans meurt dans le crash de son avion.

Krieg a finalement été repéré par un avion et secouru par un bateau avant la tombée de la nuit. 

Il faut savoir que l'aérodrome de Ligescourt est celui de Crécy-en-Ponthieu, situé à 16 kilomètres d'Abbeville. La piste était faite d'herbe, les munitions étaient stockées dans les bois. On y trouvaient aussi les baraquements, protégés par de la Flak. Il ne reste aujourd'hui quasiment plus rien hormis quelques dalles en béton.

L'aérodrome ou Flugplatz était situé à Crécy-les-Granges. Sur cette photo prise en 1947, nous voyons encore le taxiway betonné, les alcôves pour les avions ainsi que les dalles bétonnées.   

La piste herbeuse d'où s'envolaient les chasseurs de la JG 26 

  
Ce chemin amenait aux infrastructures

Notez qu'une rampe de missile V1 se trouvait à proximité, la V1 Feuerstellung Ligescourt 

La tombe de l'Unteroffizier

Schwarz est inhumé au cimetière militaire allemand de Bourdon au bloc 32 rangée 10 tombe 391

La tombe du pilote de chasse Paul Schwarz

Il partage sa croix avec deux autres pilotes :

Le Leutnant Peter Kipping  a été incorporé à la 5./JG 26 en juillet 1943. Il se tue aux commandes de son Fw 190A-5 lors d'un vol non opérationnel.  

L'Unteroffizier Paul Vohwinkel, originaire de Wuppertal-Langefeld, était pilote à la 6./JG 26. Il a été abattu au nord-est d'Hazebrouck par un Norvégien, le Major Mehre.

Plan du Deutscher Soldatenfriedhof Bourdon où se trouve le carré 32

 

Le cimetière militaire de Bourdon 

 

Le cimetière militaire allemand de Bourdon
 
En 1961, le Volksbund a commencé à regrouper à Bourdon les sépultures des soldats qui étaient enterrés dans les cimetières des villes et villages du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme.
Le cimetière a été inauguré officiellement le 16 septembre 1967, la section de Rhénanie du Nord-Westphalie du Volksbund parraine le cimetière.  
 
Une très grande partie des 22 216 soldats allemands qui y reposent sont tombés lors de la campagne de France de mai-juin 1940, dont de nombreux Waffen de la "Totenkopf". Il faut dire qu'avec la création de la poche de Dunkerque, la région Nord a connu d'effroyables combats.
Une autre partie concerne des soldats tués fin août-début septembre 1944, notamment après la traversée de la Seine.

Enfin, il y a une part non négligeable de pilotes de la Luftwaffe notamment ceux de la Jagdgeschwader 26. Les tombes de ces pilotes s'étalent sur quatre années de guerre dans le secteur. Il y a de nombreux articles à leurs sujets sur le blog.

Le cimetière militaire allemand de Bourdon

L'avion de Schwarz, le Fw 190

Concernant le Fw 190, quelques articles ont été publiés sur le blog. Je vous conseille donc de cliquer sur celui concernant le NC 900 du musée du Bourget. L'avion exposé est aux couleurs de l'As allemand, le Hauptmann Josef Priller de la JG 26. Vous trouverez également sur le blog plusieurs articles consacrés à la partie mécanique de l'avion, aux moteurs exposés au musée de Prague ou à celui du musée de Munich. D'une manière générale, il est moins courant de voir un Fw 190 qu'un Me Bf 109

Il existe un livre, souvent épuisé mais qui est parfois réimprimé, ce qui est un gage de succès : "du Fw 190 au NC 900" des éditions Lela Presse

Le Fw 190 était intégré à l'Armée de l'Air française sous le nom NC 900

 

 

Liens 

 

dimanche 26 octobre 2025

Je termine ma visite du Marine Ehrenmal de Laboe

 

Aujourd'hui, je termine ma visite du mémorial de Laboe. Dans le premier article, j'ai visité la salle historique et ses maquettes puis dans le second, le ténébreux Gedenkhalle. Maintenant, j'entre enfin dans la tour.

Le Marine-Ehrenmal

Érigée en seulement 101 jours en 1929, la tour symbolise une flamme reliant la terre, l'eau et le ciel. Selon l'architecte Gustav August Munzer, elle symbolise une flamme reliant la terre, l'eau et le ciel. En 1929, c'est le krach boursier. Alors qu'une clique de Berlinois danse et s'enivre, le reste de la population meurt de faim. Il n'y a plus d'argent pour poursuivre les travaux du mémorial, du moins jusqu'en juin 1933. 

Le Mémorial de la Marine est finalement inauguré le 30 mai 1936, en présence d'Adolf Hitler, de l'amiral Raeder et de matelots.


1929, il y a bientôt 100 ans. La tour du Marine-Ehrenmal en construction

En 1946, les Alliés décident de détruire tous les musées et monuments érigés par et pour le III.Reich. Le mémorial de Laboe figure sur cette liste mais les Britanniques reviennent finalement sur leur décision, déclarant qu'"il ne glorifie pas la guerre et l'esprit d'attaque, mais fait partie de ceux dont le but est un hommage personnel aux membres de la marine tombés au service du pays". Le mémorial est donc sauvé.

La visite continue

Je quitte le Gedenkhalle par le souterrain (voir article ici), les escaliers me mènent directement à la tour.

Une maquette du "Berlin", navire hôpital. Il a été construit à Brême en 1925. En 1949, réquisitionné par les Soviétiques, il était devenu l'Admiral Nakhimov. Il a participé à la crise de Cuba où il avait servi comme transporteur de troupe. Il a coulé en mer le 31 août 1986, après avoir été heurté par un cargo. Il y a eu plusieurs centaines de morts. En 1987, les deux capitaines, responsables du naufrage, ont pris 15 ans de prison. Ils ont été graciés puis libérés en 1992.  

Puis nous continuons vers une seconde salle qui est selon moi la plus belle, une vraie réussite

En dessous de la croix de fer, il y a des registres de noms des marins disparus. Le même genre de registre que l'on trouve dans les cimetières militaires allemands.

 
Le mur est "tapissé" des différents types de bateaux disponibles au sein de la marine allemande.

Regardez les détails de ce mur, c'est vraiment du beau travail et original en plus.

"Ils sont morts pour nous"...bien sur cela s'adresse avant tout au public allemand.
 

Le même mur avant qu'il ne soit refait de manière plus sobre

 

Maintenant nous entrons dans une troisième salle

La grosse plaque de bronze se trouvait à l'origine dans la salle précédente

 
Il y a des armoiries mais aussi des hommages rendus à la mémoire des marins de plusieurs nations disparus en mer, 

Le 30 septembre 1944 , l'Obergefreiter Otto Seiffer perd la vie dans l'Atlantique Nord, tout comme son frère Rudolf Seiffer, 20 ans, Obergefreiter lui aussi mais décédé le 15 avril 1945. Leur frère Walter leur a rendu hommage.

Je me rends dans la salle des drapeaux, je dois également prendre une décision concernant la poursuite de la visite.

La salle des drapeaux

 
La salle des drapeaux rappelle aussi l'histoire mouvementée de l'Allemagne

Je repars maintenant dans la salle des drapeaux et j'ai pris ma décision.  Pour accéder au point de vue qu'offre le sommet de la tour, deux options s'offrent à moi. La première est réservée aux sportifs : des escaliers. La seconde est plus rapide et vous fera économiser des litres de sueur : un ascenseur. Je décide de faire le fainéant et j'opte pour la seconde solution. Après tour je ne suis pas seul, et puis je n'ai plus rien à prouver, surtout que quelques jours auparavant, j'avais gravi « la Butte du Lion » sur le champ de bataille de Waterloo, ce qui laisse un souvenir. C'est finalement une sage décision, car non seulement ma fille n'aurait jamais pu gravir les 341 marches bien raides, mais en plus, elles cassent les jambes, sachez-le !

L'intérieur de la tour avec ses escaliers et ses paliers pour faire une pause... 

Maintenant, j'arrive au sommet de la tour. La météo est, disons-le clairement, un peu pourrie, mais je le savais déjà. Il y a des nuages bas mais au moins la pluie s'est arrêtée, c'est déjà ça de pris. J'ai emporté une paire de jumelles avec moi. Je comptais au moins apercevoir le Danemark, mais je ne sais même pas si c'est possible par temps clair.


  
La direction prise par les U-Boote lorsqu'ils partaient en mer 

L'entrée du Fjord de Kiel

Le U-995 au pied de la Turm, une vue classique

Le long de la côte avec ses terrains de camping

Je regarde en direction du port de Kiel

A travers ma paire de jumelles, le port de Kiel

Là nous regardons derrière, du côté de la plaine. La météo est capricieuse

Il est maintenant temps de partir. Je vais visiter le U-Boot U-995. La visite du mémorial a été passionnante, même si l'aspect austère du bâtiment peut rebuter au premier abord...

La porte de sortie est ouverte, nous allons voir la cloche

 

Je n'ai pas osé sonner la cloche

Nous sommes en 1936, ce marin (matrose) de la Kriegsmarine sonne la cloche

Liens

 


mardi 23 septembre 2025

Le magnifique Tiger B 300 de Saumur en 2025

 

Je n'étais pas retourné au musée des blindés de Saumur depuis une bonne dizaine d'années. Le temps passe vite. Durant cette période, le Panther G est apparu, le Tiger E a temporairement disparu, puis enfin le Tiger B s'est refait une beauté. C'était donc l'occasion de prendre quelques photos, qui, pour une fois, ne sont pas de Jean Luc.

Le Tiger B "233" 

 
Maintenant, tout le monde sait que le Tiger B de Saumur a été reconstitué à partir de deux chars. Il s'agit de la tourelle du Tiger "300" du Hauptmann Scherf de la 3./schwere Panzer-Abteilung 503. Ce char avait été abandonné le 28 août 1944 à la sortie du village d'Oinville-sur-Moncient
La caisse provient du Tiger "123" de la 1./schwere SS-Panzer-Abteilung 101, celui du  SS-Hauptscharführer Fritz Hibbeler (1912-1944), enterré au cimetière militaire allemand de Champigny-Saint-André bloc 10 rangée 9 tombe 637. Le Tiger avait été abandonné par son équipage à Magny-en-Vexin, le 28 août 1944.
 
Le Tiger B "300" abandonné par son équipage à Oinville-sur-Moncient

Après les combats, les Tigern ont été récupérés par l'armée française. Le "nôtre" a d'abord été stocké à Satory, puis envoyé au musée des blindés où il reçoit la numérotation "233". J'ai consacré un article sur l'histoire de ce Tiger, vous pouvez le consulter ici

Boum ! le Tiger B 233 tire un coup de canon avant de rentrer à l'atelier

 

Le Tiger B en 2025

Je ne l'ai jamais caché, je n'ai jamais aimé l'ancien camouflage du Tiger. C'était moche et en plus cela lui donnait un coup de vieux (!), mais pas du bon vieux, le genre qui sonne bien les années 70. Mais depuis peu, le char a reçu un coup de jeune avec un nouveau camouflage, celui qui était en rigueur à l'époque. Il a profité de l'occasion pour changer de numérotation, puisqu'un "300" a été peint sur la tourelle. En même temps, la partie mécanique a été restaurée dans les ateliers de l'entreprise TMR à Thouars.  

Le Tiger B de Saumur avec Bruce Crompton au Tankfest festival 2025

 Les photos ont été prises à l'été 2025. Le Tiger, qui n'était pas présent au Carrousel de Saumur, revenait du Tankfest Festival. Après un petit coup de lavage, il a rejoint ses pénates, bien au sec.

Le Tiger B est le premier char que vous verrez dans le hall allemand. Le Panther G est à ses côtés.

La peinture ne fait pas totalement neuve et c'est très bien ainsi

Le mastodonte a connu une carrière sur le front ouest vraiment brève, que ce soit pour la caisse ou pour la tourelle. 

 
Le manteau de canon est vraiment massif. L'optique avant n'est pas d'origine 

La trappe de vision du conducteur est bien protégée

Vue avant sur la chenille de combat gauche 

Les échappements sont incurvés vers l'arrière pour ne pas réchauffer le compartiment moteur

Vue sur l'arrière de la chenille droite, on apprécie la largeur de celle-ci. Ici pas de chenille de transport, ouf !!

Les supports de maillons de chenilles est une amélioration apportée en cours de production en juin 1944. 
Le "300" correspond au numéro du Tiger B de l'Hauptmann Scherf
 
La tourelle pouvait faire un 360° en 19 secondes avec le moteur à 2000 tr/mn. 

Cette photo est intéressante puisqu'elle montre la façon dont sont montés les maillons de chenilles sur leurs supports. 

  

La MG 34 de 7.92 mm est présente dans son Kugelblende
 
Le tube du canon a quelques cicatrices

Le frein de bouche

De profil, le Tiger est un beau char et c'est le moment de lui dire au revoir

En restant dans le musée, je veux remercier la personne à l'accueil qui m'a aimablement donné un billet d'entrée où figurait le Tiger "233", à la base je devais avoir un char soviétique.

Le billet d'entrée est devenu un sympathique marque page

  

Où voir un autre Tiger B ?

Vous pouvez vous rendre en Belgique, dans les Ardennes. Vous pouvez consulter l'article ici.

Vous pouvez vous rendre en Allemagne, au Deutsches Panzermuseum (DPM) de Munster. Vous pouvez consulter l'article ici.

Et sans avoir à traverser la Manche, vous pouvez aller en Suisse. Le Tiger B est en pleine restauration et devait même pouvoir se déplacer par lui-même. Ce Tiger, dont le numéro de châssis est 280 215, est arrivé en Suisse en 1957. Il a servi d'objet de remorquage lors d'exercices en montagne. Il a ensuite été exposé à Thun de 1975 à 2006, puis prêté de manière permanente au musée, à condition qu'il soit restauré. Le coût est de 600 000 € entièrement financé par des dons. 

Le Tiger "Suisse" a repris du poil de la bête et c'est pas pour me déplaire


Et vous pouvez lire...

King Tiger Heavy Tank 1942-1945 aux éditions Osprey
Waffen Arsenal "Koenigstiger" Band 127