Véritable star du musée des blindés de Saumur, le Tiger Ausf B a connu plusieurs vies et son passé, jusqu'à dernièrement, n'était pas si clair que cela. Vétéran des combats en Normandie, servant dans l'Armée française, star de cinéma au début des années 1990. HistoReich vous raconte aujourd'hui l'histoire mouvementée de ce char ou plutôt de ces...chars.
Le Tiger Ausf B en bref
Le Tiger Ausf B succède au char lourd bien connu le Tiger Ausf E que nous avons pu voir au musée des blindés de Saumur ou Vimoutiers. Esthétiquement si le Tiger Ausf E se rapprochait du Panzer IV, le Tiger Ausf B lui se rapproche du Panther. Mais disons le clairement, le Tiger Ausf B n'était pas un bon char. Onéreux à construire, manquant de fiabilité, lent et pataud, sa principale qualité résidait principalement dans sa face avant avec son glacis suffisamment blindé et son excellent canon.
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Tiger Ausf B de la s.Pz.Abt.503, la tourelle à 50 exemplaires
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Tiger Ausf B de la s.Pz.Abt.503 avec l'autre modèle de tourelle
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Il existe deux variantes de tourelle du Tiger Ausf B, l'une à 50 exemplaires et l'autre produite à 439 exemplaires.
Les deux types de tourelles sont différentes mais elles sont construites par la firme Krupp et agencées par Wegmann comme le révèlent les archives déclassifiées en Allemagne .
Avant la découverte des archives il était commun de nommer les tourelles "Porsche" ou "Henschel" mais cette erreur est née d'un livre paru en 1979 "The Encyclopedia of German Tanks of World War Two". Si depuis la découverte des archives les auteurs ont corrigé leur bévue, l'erreur est encore répétée comme le démontre l'auteur britannique Craig Moore dans son article "The Tiger's Turret, the importance of correcting fake news"
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Tourelle Krupp pour un modèle Henschel |
Le moteur du Tiger est un Maybach HL 230 P 30 de 700 chevaux à 3.000 tr/mn. Ce qui lui autorise une vitesse maxi de 35 km/h pour 140 km d'autonomie avec ses 7 réservoirs totalisant 860 litres de carburant. En tout terrain, son autonomie n'est pas supérieur à 100 km (90km), dire que c'est un gouffre à essence est un euphémisme. Malgré cette puissance, le moteur et la transmission se montrent peu fiables, les chenilles montrent aussi des faiblesses. Avec ses 70 tonnes le Tiger est sous-motorisé, ce qui en fait un blindé lent surtout dans la terre sablonneuse polonaise.
Son armement est un très efficace canon 8,8cm kwK 43 L/71, doté de 86 projectiles en caisse autorisant 5 à 6 coups à la minute. Il peut aussi compter sur 2 MG 34 de 7,92 mm totalisant 5 850 projectiles. Les optiques de visée sont de bonnes qualités.
Son équipage est composé de 5 personnes.
L'intérieur du
Tiger Ausf B est plus petit que celui du
Ausf E, mais l'ergonomie est excellente. Comme le
Panther, la visibilité pour l'équipage est jugé insatisfaisante.
Les Tiger Ausf B exposés dans le monde
- Le Tiger Nr 104 de la 1./schwere SS-Panzer-Abteilung 101 du SS-Oberscharführer Franz châssis n° 280 093 abandonné le 29 août 1944 à l'ouest de Magny-en-Vexin. Il n'est plus motorisé. Il est exposé au Tank Museum de Bovington Angleterre.
- Un Tiger prototype, il n'a jamais combattu est conservé au musée de Bovington.
- Le
Tiger Nr 121 châssis 280 101 du
SS-Oberscharführer Zahner de la
1./schwere SS-Panzer-Abteilung 501, il a été livré à la 1. Kompanie de la
s.SS-Panzer-Abteiling 101 en juillet 1944. Retrouvé sur le dos par les troupes américaines pendant la bataille des Ardennes, il a été ensuite expédié à Aberdeen aux Etats-Unis en 1946. Il revient en Allemagne en 1960, restauré par la société Rheinmetall mais plus motorisé il est exposé au
musée des blindés de Münster.
- Le Tiger Nr 502 châssis 280 080. Capturé le 14 août 1944 sur le Front Est il était de la s.Pz.Abt.501. Il est exposé au Patriot Park en Russie.
- Le Tiger châssis 280 243. Stocké à Fort Benning aux USA.
- Le Tiger châssis 280 215 de la s.Pz.Abt 506 capturé en septembre 1944 et actuellement en Suisse. Le canon a été détruit par l'équipage.
Les combats de notre Tiger dans le Vexin
D'après "Tigers in combat" de Wolfgang Schneider : A Mailly le camp le 31 juillet 1944, la 3./schwere Panzer-Abteilung 503 reçoit 14 Tiger Ausf B dont 2 modèles "Porsche". Ils sont alors peint dans leurs couleurs 3 tons, les garde-boues de chenilles sont installés.
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Tiger Ausf B "300" de la s.Pz.Abt 503 avant son transfert vers le front
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Le 12 août, lors du convoyage vers le front normand, le train est attaqué par l'aviation ennemie. Quelques wagons de munitions sont touchés, le Tiger 311 de von Rosen se renverse sur le côté de la voie. Le reste des Tiger de la 3. Kompanie sont ensuite débarqués d'un convoi ferroviaire à l'est de Paris et dirigés vers Beauvais. Il n'atteindront jamais la Normandie mais le Vexin.
Durant l'attaque aérienne, Unteroffizier Ernst Wehrheim né le 13 février 1920 à Bad Homburg décède à proximité du village de Meilleray. Il repose dorénavant au cimetière militaire allemand de Noyer-Pont-Maugis au Bloc 3 Rangée 35 Tombe 2319.
Une autre victime perdra la vie une journée plus tard. L'Oberfeldwebel Ernst Friedrich Heinrich Bormann était né le 28 mai 1914 à Sarstedt, blessé le 12 durant l'attaque il meurt à Paris le 13 août 1944. Il est enterré au cimetière militaire de Champigny Saint André au Bloc 7, Rangée 1 Tombe 30
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Le convoi des Tiger II de la 3.Panzerkompanie attaqué par les avions
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De son côté le 23 août, la 1./schwere SS-Panzer-Abteilung 101 est envoyée en soutien des Luftwaffen-Feld-Regiment 33 et Luftwaffen-Feld-Regiment 36 dans le but de réduire une tête de pont américaine sur Mantes-sur-Seine.
Le 25 août, deux autres Tiger II de la schwere Panzer-Abteilung 503 arrivent en renfort. Il s'agit d'exemplaires "Porsche", ce qui exclu forcément le Tiger de Saumur.
Le 26 août, alors à Sailly dans les Yvelines, ordre est de réduire une tête de pont de la 79 th Infantery Division américaine du côté de Limay, la 1./schwere SS-Panzer-Abteilung 101 soutient la 18.Luftwaffen-Feld-Division, mais l'attaque est suspendue à cause de la forte résistance au sol et de l'aviation alliée.
Le 27 août, les Tiger sont au repos, en révision mécanique.
Le 28 août, une contre-attaque est programmée vers Montgison. La 1./schwere SS-Panzer-Abteilung 101 et la 3./schwere Panzer-Abteilung 503 sont de la partie et c'est là que les choses deviennent plus compliquées car les deux compagnies de chars lourds sont équipés de Tiger II.
3./schwere Panzer-Abteilung 503 ?
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Début août 1944 à Mailly le Camp, le Tiger Ausf B Nr 300 de la s.Pz-Abt 503 serait il notre Tiger ?
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D'après Bruno Renoult, un habitant du Vexin, un Tiger est encerclé dans un village, le mastodonte arrive à s'échapper vers le Nord mais est repéré par les américains qui le pilonne avec l'artillerie. Il réussit néanmoins à se mettre temporairement à l'abri d'un bois qu'il traverse de toute sa puissance. Au débouché, son moteur en surchauffe casse, le blindé est alors abandonné par l'équipage qui n'a pas le temps de le saborder.
Il existe un autre récit, d'un autre auteur, fortement comparable qui nous livre des détails intéressants :
"Le 28 août 1944, le Nr 300 (Tiger du Hauptmann Scherf de la 3./schwere Panzer-Abteilung 503) et trois autres Tiger sont en position entre Fontenay et Sailly. Sous la pression ennemie, les Tiger traversent une forêt lorsqu'ils atteignent une route. A ce moment là le Tiger 300 connait une défaillance avec sa boite de vitesse près de Oinville, une défaillance probablement due aux chocs répétés avec les arbres qui ont endommagé la chenille et la transmission. Le char est finalement abandonné et détruit lors de l'avancée ennemie".
La photo prise postérieurement démontre que le Tiger bien qu'endommagé n'a finalement pas été totalement détruit.
Dans un texte, rédigé en anglais, un auteur dévoile que le Tiger est celui exposé à Saumur. Un détail qui est passé inaperçu dans nos contrées mais qui n'était pas négligeable comme nous le lirons plus loin.
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Hauptmann Scherf, Bordführer du Tiger 300 |
Bonjour. En parlant de Fontenay (78) et de Tigre II Royal vous devez être au courant de ce chapitre historique pas tout à fait achevé... https://www.fontenay-saint-pere.fr/un-char-tigre-decouvert-a-fontenay/ Et aux dernières nouvelles : https://actu.fr/ile-de-france/fontenay-saint-pere_78246/fontenay-saint-pere-extraction-char-projet-point-mort_15888574.html
RépondreSupprimerMerci pour votre message.
SupprimerEn effet je connais un peu les péripéties de ce Tiger. En voir un jour le bout ça va être long malheureusement.
Pour le livre sur von Rosen, ce n'est qu'une traduction... d'une traduction... sans filtres, remplis d'erreur aussi bien historique, que stratégique. Des passages sont un peu édulcorés par la romance des maisons d'édition. Dommage car dans la vraie vie c'était un vétéran très intéressant.
RépondreSupprimerPar exemple pour la partie Vexin, son témoignage est à prendre avec du recul, il n'y a pas participé !
Merci pour votre avis. J'ai lu le témoignage de von Rosen en même temps que ceux de la s.SS-Pz.Abt 502 (Tiger ! Heimdal) et le constat était simple j'avais l'impression qu'ils ne vivaient pas la même guerre, du moins en Normandie.
SupprimerQuelle était la vitesse de pointe du Tiger B ?
RépondreSupprimerLes sources soviétiques prétendaient que c'était 10 km/h sur sol meuble et 20 km/h sur route, mais affirmaient la même chose pour le Tiger E, ce qui était un mensonge éhonté déjà (25 km/h et 41 km/h respectivement), et même pour le Tiger B c'est démenti par les films d'époque (alliés comme allemands) et aussi par des considérations techniques élémentaires aussi.
En 1945, les actualités cinématographiques américaines montrèrent un Tiger B pris à la 506. s. Pz. Abt. remis en état par la 7th Armored Division. Le film prêtait à ce char une vitesse de pointe de 20 miles par heure (32,18 km/h).
Les sources allemandes donnent en campagne jusqu'à 20 km/h, avec un minimum de 15 km/h, et sur route 38 km/h. Comme les séquences fimées montrent ce char se déplaçant à plus de 15 km/h dans des prés, il n'y a aucune raison de douter des chiffres donnés.
À titre de comparaison, le Sherman, deux fois plus léger, en moyenne faisait 41 km/h sur route. Quant aux chars lourds alliés, le Churchill et le Iosif Staline 2, le premier atteignait, toujours sur route, 25 km/h, et le second, 37 km/h.
L'autonomie : les sources allemandes donnent jusqu'à 170 km sur route et 120 en campagne, soit une consommation basse de 5,06 à 7,17 litres par kilomètre ; toutefois la consommation ordinaire est donnée pour 7,5 et 10 litres respectivement par kilomètre, ce qui fait une autonomie de 114 km sur route et 86 en campagne. C'est à peu près une consommation double de celle des chars à moteur à essence des Alliés (sur route, de 3,17 à 4,12 pour les Sherman autres que la version diesel, ou 3,51 en moyenne, si l'on pondère par les chiffres produits pour chaque version ; 3,53 pour le char Churchill, 3,77 pour le Cromwell ; à titre d'exemple, ce dernier consommait en campagne 5,65 litres par kilomètre). Ces chiffres laisseraient croire que le Tiger B consommait trop : or dans les combats de près, c'est-à-dire dans les conditions lui étant le moins favorables, il valait largement deux de n'importe lequel de ces chars (estimations alliées), donc sa relative gloutonnerie était bien justifiée par sa valeur au combat. Toutefois il entra en service au printemps 1944, tandis qu'à partir d'avril les bombardiers anglo-saxons purent détruire les usines allemandes de synthèse de carburant et les puits de pétrole de Roumanie qui approvisionnaient le Reich, ces derniers tombant entre les mains des Soviétiques à l'été. Ce fut donc la situation générale qui bloqua les mouvements des troupes allemandes, et non pas un défaut technique du matériel.
Avant la guerre, les Britanniques s'inquiétèrent de ce que par espionnage leurs futurs ennemis auraient percé le secret de la boîte de vitesse Merritt-Brown (qui servirait pour le Churchill). La mise en service des Tiger avec leurs boîtes OLVAR leur prouva que ces craintes étaient fondées. Cette boîte OLVAR, fiable, mais chère et difficile à produire, offrait comme son modèle une manœuvrabilité exceptionnelle et la plus grande aisance de conduite. Les Allemands envisagèrent d'en doter le char Panther en remplacement d'un autre modèle, plus simple et meilleur marché, mais fragile, pour en améliorer la fiabilité, toutefois ils reculèrent devant les heures de main-d'œuvre nécessaires.
Le Tiger B souffrit d'un défaut de fiabilité à son entrée en service (pas à cause de sa boîte de vitesse), mais à l'hiver 1944-1945 il était aussi fiable qu'un autre char (70 % de disponibilité, contre 50 % pour le T-34 soviétique souvent donné pour exrrairdinairement fiable : les légendes empêchent d'ordinaire la simple constatation des faits prouvés). Toutefois les chasseurs-bombardiers anglais et américains gênaient tous les approvisionnements allemands, y compris en pièces détachées.
Une autre qualité essentielle à la mobilité en campagne est une suspension souple, réduisant les heurts causés par les inégalités du terrain et permettant ainsi le maintien d'une vitesse grossièrement constante. Les chars Panther et Tiger l'emportaient ici par leurs barres de torsion (vers la fin du conflit les Alliés les imitèrent : Hellcat, Chaffee, Pershing, Centurion ; les chars lourds soviétiques avaient reçu cette innovation peu après son apparition, en 1938, sur certains modèles allemands).
RépondreSupprimerQuelques témoignages américains de 1945 :
« Où que nous ayons vu des chars Tigres ou Panthères ils n'ont montré aucune infériorité en manœuvrabilité. Près de Puffendorf, en Allemagne, on a rencontré plusieurs Tigres Royaux [Tiger B]. Ces Tigres Royaux purent négocier des sols très mous et leurs chenilles ne s'enfoncent pas aussi profondément dans un terrain mou que le font les nôtres. » (un combattant de la 66th Arm. Reg.)
« Les Modèle V et Modèle VI [Panthères et Tigres] selon mon opinion sont plus manœuvrants et certainement ont plus de flottaison [souplesse de la suspension]. J'ai vu de nombreux cas où les chars Modèle V et Modèle VI purent joliment manœuvrer sur un terrain où le M4 [Sherman] américain se serait enlisé. En une occasion j'ai vu au moins dix Tigres Royaux [Tiger B] faire une contre-attaque contre nous sur un terrain qui pour nous aurait été à peu près impossible. » (un chef de peloton)
Le Tiger B avait un blindage latéral et arrière le garantissant contre nombre de chars ennemis (canons de 76 mm de nombre de T-34 et de KV-1, de 75 mm de nombre de Sherman, Cromwell et Churchill). Les armes des nouveaux modèles (canon dits de 3 pouces et de 76 mm des Américains, de 85 mm des Soviétiques) pouvaient le percer à distance raisonnable, mais sous faible incidence seulement. Les pièces les plus puissantes (canons de 17 livres, de 90 mm, de 100 et de 122 mm) le faisaient bien plus facilement, mais étaient à peu près inutiles contre son blindage frontal. Une source américaine résumait ainsi en 1945 : « Le Tigre Royal est pratiquement invulnérable aux attaques de face. »
Inversement, l'armement du Tiger B venait à bout d'à peu près tout, même de loin : seul le glacis des derniers modèles de l'IS-2 pouvait lui résister. Il faisait à peu près 39 % (1,83 m² sur 4,7 m²) de la surface frontale de ce char.
Le long canon du Tiger B (fût de 630 cm, contre 560 cm pour le plus long de l'arsenal des Alliés, et 300 ou 400 cm pour la plupart de leurs blindés en 1945) se distinguait par la précision de son tir, et par l'excellence de son viseur, qui ensemble donnaient de bonnes chances d'atteindre une cible bien plus loin que ce qui était ordinaire. Son très puissant obus de 88 perçait 19 cm à la distance moyenne de combat, soit 1 km (incidence : 0°).
Venaient ensuite les canons de 90 mm (une fraction de l'arsenal blindé américain), de 17 livres (0 % des Sherman britanniques le 6 juin 1944, 36 % en mai 1945), de 122 mm (nouveaux chars lourds soviétiques), et les 75 mm des Panthères (et des nouveaux modèles de Jagdpanzer IV), perçant en gros 14 cm à la même distance.
Le 88 du Tiger E, et la pièce de 17 livres raccourcie dite de « 77 mm » (une fraction des chars moyens britanniques en 1945), perçaient 12 ½ cm.
Les canons américains dits de 3 pouces ou de 76 mm (nouveaux chars moyens, et chasseurs de chars), les canons allemands de 75 ordinaires (chars Panzer IV, chasseurs de char Hetzer et premers exemplaires du Jagdpanzer IV, ainsi que les « canons d'assaut », soit le tout-venant du panzer), enfin ceux de 85 mm soviétiques, perçaient de près de 11 à un peu plus de 10 cm.
Le canon britannique de 6 livres (anciens chars de bataille) perçait 9 cm.
Et les canons américains de 75 mm et soviétiques de 76 mm, armant encore nombre de chars moyens en 1945, perçaient 7 ou 8 cm.
Inversement, l'armement du Tiger B venait à bout d'à peu près tout, même de loin : seul le glacis des derniers modèles de l'IS-2 pouvait lui résister. Il faisait à peu près 39 % (1,83 m² sur 4,7 m²) de la surface frontale de ce char.
RépondreSupprimerLe long canon du Tiger B (fût de 630 cm, contre 560 cm pour le plus long de l'arsenal des Alliés, et 300 ou 400 cm pour la plupart de leurs blindés en 1945) se distinguait par la précision de son tir, et par l'excellence de son viseur, qui ensemble donnaient de bonnes chances d'atteindre une cible bien plus loin que ce qui était ordinaire. Son très puissant obus de 88 perçait 19 cm à la distance moyenne de combat, soit 1 km (incidence : 0°).
Venaient ensuite les canons de 90 mm (une fraction de l'arsenal blindé américain), de 17 livres (0 % des Sherman britanniques le 6 juin 1944, 36 % en mai 1945), de 122 mm (nouveaux chars lourds soviétiques), et les 75 mm des Panthères (et des nouveaux modèles de Jagdpanzer IV), perçant en gros 14 cm à la même distance.
Le 88 du Tiger E, et la pièce de 17 livres raccourcie dite de « 77 mm » (une fraction des chars moyens britanniques en 1945), perçaient 12 ½ cm.
Les canons américains dits de 3 pouces ou de 76 mm (nouveaux chars moyens, et chasseurs de chars), les canons allemands de 75 ordinaires (chars Panzer IV, chasseurs de char Hetzer et premers exemplaires du Jagdpanzer IV, ainsi que les « canons d'assaut », soit le tout-venant du panzer), enfin ceux de 85 mm soviétiques, perçaient de près de 11 à un peu plus de 10 cm.
Le canon britannique de 6 livres (anciens chars de bataille) perçait 9 cm.
Et les canons américains de 75 mm et soviétiques de 76 mm, armant encore nombre de chars moyens en 1945, perçaient 7 ou 8 cm.
Témoignage d'un chef de char américain en 1945 :
« Un jour un Tigre Royal est arrivé dans les 150 yards [env. 140 m] de mon char et m'a mis hors de combat. Cinq de nos chars ont ouvert le feu sur lui à des distances de 200 à 600 yards [env. 180 ~ env. 550 m] et ont obtenu 5 ou 6 coups au but à l'avant du Tigre. Ils ont tous simplement ricoché et le Tigre a reculé et est parti. Si nous avions un char comme ce Tigre, nous serions chez nous aujourd'hui. »
Raisonnablement rapide et vif, du moins pour un char lourd, manœuvrant aisément et à l'aise en campagne, surclassant par sa puissance et sa robustesse tout ennemi potentiel, mais employé dans les conditons d'infériorité numérique, de manque de ravitaillement et d'effondrement logistique des mois apocalyptiques de la fin de la guerre, le Tiger B inspirait la plus grande crainte aux équipages alliés.