mercredi 7 mars 2018

Des Waffen SS Charlemagne découverts à Rzecino 1945

 
Après un passage vers Körlin, Belgard où la 33.Waffen-Grenadier-Division der SS "Charlemagne" a résisté comme elle a pu, HistoReich reste en Poméranie et descend vers le sud-ouest direction Retzin où nous allons découvrir les corps de SS français.
 
Après de violents combats dans les secteurs Bärenwalde, Elsenau, Hammerstein la division Charlemagne a ordre de rejoindre Köslin puis en cours de route un nouvel ordre arrive, elle doit protéger la route menant à Kolberg, une ville portuaire sur la Baltique. La division doit prendre position dans le secteur de Körlin, un village situé au nord de Belgard.
 
Une longue marche s'annonce, plus de 70 kilomètres dans le vent et le froid. Le 2 mars, les premiers éléments de la division sont devant Belgard et traversent la ville dans la journée. D'autres troupes sont en chemin mais, mal informées ou réorientées par la feldgendarmerie, elles sont dirigées vers la ville de Standemin (Stanomino).
 

Des SS français à Standemin ?

 
D'après les archives russes, dès le vendredi 2 mars, les unités de reconnaissance de la 1ère brigade de char soviétique du Capitaine Manukyan remontent du sud au nord avec la mission de précéder la brigade sur l'axe Shivelbein-Gross Rambin-Standemin. Il s'agit de reconnaitre les forces allemandes dans le secteur et surtout en direction de Belgard, transformée en forteresse (festung). Pour ce faire, les Soviétiques sont équipés de véhicules blindés de fabrication américaine les M-3 Scout.
Le détachement soviétique se heurtent à une forte résistance près de Standemin, et font quelques prisonniers  qui révèlent que dans la ville il y a de nombreux éléments de la Charlemagne, les 26 et 129 bataillons Volkssturm soutenus par trois batteries d'artillerie et des canons d'assaut d'autres unités allemandes.
Le lendemain, le 3 mars, nouvel accrochage et cette fois des SS français sont faits prisonniers lorsqu'ils ne sont pas tués, ils sont tout de suite interrogés. Les Soviétiques apprennent que les troupes allemandes sont en retraite et quittent la ville en direction de Belgard et que le Volkssturm y effectuent déjà des travaux défensifs à l'approche de la ville. Ils apprennent aussi que la Charlemagne se compose de deux régiments à deux bataillons, chaque bataillon d'un maximum de 400 personnes. Qu'elle a encore des canons de calibre 75 mm, des canons de campagne de 105 mm et jusqu'à  25 à 30  Panzerfauste. Enfin que les prisonniers ont été coupé du reste de la division à l'approche de Belgard
Finalement, Standemin n'est quasiment plus défendu et tombe ce samedi 3 mars. Deux jours plus tard, dans la journée du 5 mars, quelques hommes de la compagnie sanitaire de la Charlemagne venant de Körlin ont été fait prisonniers à proximité de Standemin. Le secteur est quasiment verrouillé par les chars soviétiques qui empêchent les forces allemandes de s échapper vers l'ouest.  
 
Carte situant Standemin avec la progression de la reconnaissance soviétique du 2 au 3 mars 1945. l'inspection allemande de la division Charlemagne a cantonné à Boissin le 1er mars puis est repartie, comme le gros de la Charlemagne dès le 2 mars en direction de Belgard puis Körlin.Pour une raison inexpliquée, un groupe de Français s'est néanmoins retrouvé à Standemin.    

La présence de SS Français à Standemin le 2 et 3 mars n'apparait pas dans les ouvrages consacrés à la division Charlemagne et pourtant leurs présences y sont mentionnés dans les archives russes. Il faut savoir que l'histoire de la Charlemagne a été écrite grâce aux propres souvenirs des vétérans français puisque les KTB (Kriestagsbuchs) ont été délibérément détruits pendant les combats. L'histoire ne peut donc être que lacunaire. Enfin dès 1948, les autorités polonaises ont signalé la présence de tombes individuelles de soldats allemands dans le secteur de Standemin et d'autres, une douzaine à Laski qui est à moins de deux kilomètres au sud-est de Standemin, y a t-il des Français ?
 

Les soviétiques à Retzin


L'entrée du village de Retzin en Poméranie

Le 4 mars 1945 soit le lendemain de la prise de Standemin, l'Armée Rouge s'empare du petit village de Retzin, situé à 15 km au sud-est de Standemin. Des habitants sont rassemblés dans la boulangerie du village lorsque d'autres, des réfugiés qui fuient les combats, sont envoyés dans un camp près de Piske.  
Deux jours plus tard, des habitants qui avaient fuit, et qui s'étaient certainement cachés dans les forêts, sont de retour dans leur village et découvrent les corps de 6 soldats dans une épicerie, une kolonialwaren. Ils pensent qu'ils ont été exécutés ou se sont même suicidés. En tous cas, les habitants décident de les enterrer près d'un mur entourant un parc.
Dès le 12 décembre 1945, les habitants sont victimes de l'épuration ethnique qui sévit et expulsés vers l'Allemagne, seuls quelques rares paysans réussissent toutefois à y rester et garder leurs terres. Une nouvelle population s'y installe et une nouvelle version des faits voit le jour, les corps seraient ceux de travailleurs français exécutés par les Allemands au printemps 1945. Il faut rappeler que la région comptait quelques camps de prisonniers notamment français.
 
les corps ont été retrouvés dans le parc boisé, encerclé sur la photo
 

Découvertes des corps

 
Le 14 juin 2008, l'association VBGO  sous la supervision du Volksbund et avec l'aide de médecins légistes de l'institut de Stettin (Szczecin) met à jour la fosse commune où reposent bien les 6 corps.
Il s'agit vraisemblablement de soldats allongés côte à côte et non pas des travailleurs français. Le fait qu'ils soient allongés côte à côte tend à prouver que c'est bien la population qui a enterré les corps. Les Russes se seraient contentés de faire une fosse et de balancer les soldats, les uns sur les autres ou bien même de les laisser sur place.
Après un examen méticuleux, le médecin légiste de Stettin établit que les hommes sont morts en combattant. 
 
33.Waffen-Grenadier-Division der SS "Charlemagne" en Pomeranie
18 personnes, allemandes et polonaises ont participé aux fouilles

Sur les 6 squelettes, seul deux avaient encore leurs plaques d'identification, appelées Erkenungsmarke. L'étude de celles-ci montrent clairement que les victimes sont françaises, du moins pour deux d'entre-eux.
Une petite bouteille aluminium (un peu d'alcool ?), un peigne, trois ceinturons, des brodequins pour deux d'entre eux y ont été retrouvés. On imagine bien que les chaussures ou bottes des 4 autres ont du être "empruntés" par les Soviets ou par les habitants eux même. 
 
Les 6 hommes sont allongés côte à côte et assez profondément, ce n'est pas un enterrement à la va-vite. Les ceinturons sont encore visibles tout comme les chaussures.
 
33.Waffen-Grenadier-Division der SS "Charlemagne" en Pomeranie
Sur cette photo nous voyons les plaques d'identifications portés autour du cou par les Waffen SS français n°5 et n°6
 
La première Erkenungsmarke comportait l'inscription "Legion française", ce qui veut dire qu'il était l'un des premiers soldats de la LVF, un vieux de la vieille qui a connu le front russe et qui s'est engagé à Versailles le 27 août 1941.
Cette plaque lui a été remise à Versailles avant son départ pour Deba, il y arrive le 20 septembre 1941. Le N°de feldpost 04358E indique qu'il était de la 8e compagnie II.Bataillon et que son groupe sanguin était O pour notre volontaire.
 
A Deba, II./Bataillon était sous le commandement du commandant Girardeau, ce bataillon est assez politisé puisqu'il y avait de nombreux doriotiste, du nom de Jacques Doriot
 
Erkenungsmarke Legion française LVF
Très rare plaque premier modèle de la LVF, distribuée aux 150 premiers volontaires, elle comporte le n° d'enregistrement 140
 
La seconde Erkenungsmarke comportait l'inscription  1781 "ERS-KDO-FRZ-I-638" pour "Ersatz Kommando Franzosischer Infanterie Regiment 638". Elle démontre là aussi que nous avons un Français de l'Infanterie-Regiment 638, un homme du III.Bataillon de la LVF qui s'était engagé le 4 ou le 5 septembre 1941.
 
Erkenungsmarke Legion française LVF
La seconde plaque est largement abimée par le temps, celle-ci était du 3ème modèle 
 
Malgré les recherches et leurs plaques, les deux Français certifiés de la division "Charlemagne" n'ont pu être identifiés à ce jour. En parlant de ces hommes, nous savons qu'ils ont été tués entre le 4 et le 6 mars 1945, date de leur découverte. Standemin est tombé le 3 mars et le fait que Retzin ne soit qu'à 15 kilomètres au sud, il est plausible que ces Français aient tenté une percée depuis la région de Standemin plutôt que celle de Körlin puisque cette ville est située encore plus au nord (23 km), que son évacuation  ait commencé dans la nuit du 4-5 mars et que dès le matin du 5 mars, Belgard est occupé par les Soviets, il était difficile sinon impossible d'aller aussi loin vers le sud.

Un troisième homme portait une veste de la Kriegsmarine qui était reconnaissable à ses boutons. Quelques Français s'étaient engagés dans la Kriegsmarine (marine de guerre allemande) mais avaient été versé à la Waffen SS au moment de la création de la 33.Waffen-Grenadier-Division der SS "Charlemagne". Néanmoins, les boutons découverts ne prouvent pas que le "marin" ait été Français.
 

Inhumés à Stare Czarnowo 


Le cimetière militaire allemand se situe à la sortie de Glinna en direction de Stare Cazrnowo

Les 6 hommes reposent dorénavant au cimetière militaire de Neumark-Czarnowo.

Ce cimetière militaire allemand n'est pas si facile à trouver puisqu'il ne se trouve pas à Czarnowo  mais à la sortie Est de Glinna (à 4 km !). Vous emprunterez alors un petit chemin empierré qui s'enfonce dans un bois.
Il regroupe 21 604 tombes de la région de Danzig, de Poméranie et de l'est de la Prusse. Un cimetière de civils allemands, victimes de guerre regroupe 2116 personnes de Marienburg.
 
Plusieurs Waffen SS français y sont inhumés, citons par exemple :
 
Waffen-Unterscharführer Alain Beauschene
Le SS-Funker Roger Lebrun, jeune marseillais de 17 ans.
Waffen-Oberscharführer Léon Foucart 
Le Légionnaire (LVF) Eugène Ravez

Liens

 

Falkenrehde un pont explosif
Berlin Tome 1 : La contre-attaque de Neukölln
Berlin Tome 2 : Stadtmitte, l'ultime combat
Berlin Tome 3 : La percée du Brigadeführer Krukenberg
Berlin Tome 4 : Heiligensee, le repos éternel

 

Nous lirons

 
Pour l'Europe, les volontaires français de la Waffen-SS de Robert Forbes
La division Charlemagne de Jean Mabire

1 commentaire:

  1. Personne ne saura sans doute jamais qui était ce soldat. Est-il mort? sans doute aujourd'hui.
    Beaucoup diront de lui que c'était un nazi. Pour ce qui concerne les membres de la Charlemagne, je ne le crois pas. Ils se battaient pour une cause: l'antibolchevisme. Mais les historiens refont l'histoire, chacun à sa manière... JMH

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