mardi 1 octobre 2024

Le SS-Obertsturmführer Brohl tué près d'Arras

 

Après une journée et une nuit passé du côté de la baie de Somme, j'ai décidé de visiter un peu plus la région avec la petite famille et donc je suis retourné entre autres à Bourdon. Il faisait très beau et chaud, après tout c'est l'été, c'était la fin de l'après midi, parfait pour le quatre-heure de la petite, cela va me donner du temps libre. Je suis resté dans le cimetière pendant 3/4 d'heure environ. Pour gagner du temps et m'en sortir indemne dans l'histoire, j'avais imprimé une petite liste de tombes à voir, notamment celle d'un officier de la Totenkopf tombé pendant la bataille d'Arras en 1940.

Karl Heinz Brohl à la SS-Junkerschule Braunschweig

 
Karl-Heinz Brohl est né le 21 août 1915 dans le quartier de Pasing à München en Bavière. Le 24 avril 1935, à l'âge de 19 ans seulement, il entre à la nouvelle SS-Junkerschule Braunschweig en même temps que Joachim Peiper qui fait parti de la même promotion, d'ailleurs il semble que c'est la toute première promotion de cette école puisqu'elle est officiellement inaugurée fin juin 1935.  Pour l'occasion Heinrich Himmler a fait le déplacement, il est accompagné du Ministärprasident Dietrich Klagges et du SS-Gruppenführer Friedrich Jeckeln.   Les Photos ci-dessous sont tirées du journal "Braunschweiger Tags Zetiung" du 1er juillet 1935, d'ailleurs l'article ne cite pas une SS-Junkerschule mais une Reichsführerschule der SS
 
Fin juin 1935. Le Reichsführer SS Heinrich Himmler salue le SS-Standartenführer Hausser, Kommandeur de la Reichsführerschule Braunschweig (Brunswick en Basse-Saxe) .

Pour être accepté dans cette école de futurs cadres de la SS dirigée par le SS-Standarten Paul Hausser, il y naturellement plusieurs critères à remplir :
Avoir un maximum de 23 ans, mesuré au moins 1m74 et ne pas porter de lunettes etc.
La formation est sévère et intensive. Il y a des cours théoriques et pratiques, la tactique, le renseignement, le commandement, le maniement des armes sont aux programmes. De nombreux officiers bien connus sont sortis de cette école : Hans Mühlenkamp, Rudolf von Ribbentrop, Otto Baum, Sylvester Stadler... 
Fait important, aucun élève-officier n'est membre du NSDAP, ils pourront néanmoins s'y inscrire plus tard, c'est pourquoi Brohl n'a que le numéro 5 506 906 sur sa carte du parti prise le 1er mars 1938. Peiper ne s'y inscrit lui aussi qu'en 1938.
 
Reichführer SS Himmler et Paul Hausser passent en revue les SS-Männer, futurs SS-Führern déjà habitués à la prise d'arme. Je me demande si Brohl est dans le rang ?  

Le stage se termine le 31 janvier 1936 puis Brohl prend la direction de Dachau où il suit un Zugführer-Lehrgang, un stage destiné à faire de lui un chef de section. Le 20 avril 1936, il est SS-Untersturmführer à la LAH (Leibstandarte Adolf Hitler) à Berlin.
 
En 1937, il est membre de la Lebensborn.e.V., cette association fondée le 12 décembre 1935 apporte un soutien aux femmes et aux familles SS et policières. A la fin 1938, on compte en nombre d'adhérents 8000 membres de la SS et 4 000 policiers.

Le 30 janvier 1938, Brohl est nommé SS-Obersturmführer à la Sturmbann I./4.Kp.(MG.), Sturmbann placée sous les ordres du SS-Obersturmführer Martin Kohlroser, un "vieux de la vieille" puisqu'il avait participé au Putsch de Munich en 1923, sous l'uniforme de la SA. Dans les faits, largement pistonné grâce à son passé de militant, Kohlroser se montre très peu compétent dans le domaine militaire.
 
En juillet 1939, Brohl est muté de la 4./SS-Leibstandarte Adolf Hitler à la SS-Totenkopf qui est certainement en manque de cadres. Il prend le commandement de la 2.Batterie de la I./SS-Totenkopf-Artillerie-Regiment équipée de canons de 75 mm, de 105 mm tractés par SdKfz.8.
 
Les canons d'artillerie de la  2.Batterie de la I./SS-Totenkopf-Artillerie-Regiment à l'instruction sur le Truppenungsplatz Müsingen en février 1940. Les hommes sont équipés de leurs longs manteaux qui doivent bien être légers face à cette météo hivernale.


La mort au sud d'Arras

 
Le 21 mai 1940, nous sommes en pleine Campagne de France, les Britanniques et les Français positionnés à l'ouest et au nord d'Arras organisent une contre-attaque contre la 7.Panzerdivision, le Grossdeutschland Regiment et la SS-Totenkopf Division respectivement positionnés à l'est et au sud de la ville. Le but de la manoeuvre est de tenter un percée vers le sud où est positionné le 1er groupe d'Armées du général Gaston Bilotte. Bilotte resté en Belgique aura un accident la nuit du 21-22 mai et succombera à ses blessures quelques jours plus tard. 
 
A 14 heures 30, Le SS-Totenkopf Infanterie Regiment 3 se met en mouvement avec le SS-Totenkopf. Aufk.-Abt et le soutien des canons du I./SS-T-Rgt dont la batterie de Brohl fait partie.
Les Britanniques lancent un véritable poing de fer blindé, près de 100 chars et 2000 hommes répartis en deux colonnes. Les Français ne sont pas en reste avec les Somua S35 et Hotchkiss H39 et l'infanterie qui va avec. Pour les Allemands le choc est inévitable, au sein de la 4.Kp/SS-T.IR 3 on compte déjà les premiers morts dont le jeune Grenadier SS Bertold Beer qui a la tête arrachée par un obus.
 
Les canons d'artillerie de la Totenkopf entrent en action comme les Tommies

Rapidement les chars britanniques font face aux canons antichars de la Totenkopf, mais les 37 mm se montrent inefficaces contre les chars Matildas. Les deux colonnes anglaises se rejoignent et repoussent Waffen SS vers Mercatel.  
L'artillerie de la division ne reste pas les bras croisés, positionnés dans le secteur de Boiry-Becquerelle près de Mercatel, les canons de Brohl tirent littéralement à vue sur les blindés britanniques mais ces derniers sont trop nombreux. C'est un pluie d'obus et de mitraille qui s'abat sur les hommes de la Totenkopf. Brohl et ses hommes sont contraints de quitter leurs positions, ils courent à travers champs mais les mitrailleuses ennemies crachent la mort. Le jeune SS-Obersturmführer tombe au sol, fauché avec ses hommes.      
 
Un char britannique Matilda au sud d'Arras en mai 1940

A la fin de la journée, la bataille d'Arras est perdue pour les alliés, c'est le repli. L'heure est maintenant à la course vers Dunkerque et au sauve qui peut, du moins pour les Anglais.
Ce 21 mai est aussi un terrible jour pour la Totenkopf qui déplore 39 hommes tués, 66 blessés et 2 disparus. Après la mort de Brohl, la deuxième batterie passe sous le commandement du SS-Ostuf Dr Erich Richberg.
Si vous voulez en savoir plus sur le déroulement de cette bataille vous pouvez consulter un article de 1994 sur la bataille d'Arras
 
L'heure des funérailles pour les hommes de la Totenkopf

 

Karl-Heinz Brohl au cimetière militaire de Bourdon


Dans les années 60, le SS-Obersturmführer Brohl  est inhumé au Deutscher Soldatenfriedhof de Bourdon avec deux Gefreiter au bloc 19 rangée 11 tombe 395   

Tombe du SS-Obersturmführer Brohl à Bourdon
Tombe du SS-Obersturmführer Brohl à Bourdon

Le cimetière militaire allemand de Bourdon

 

SS-Obersturmführer Brohl
Le cimetière militaire allemand de Bourdon
 
En 1961, le Volksbund a commencé à regrouper à Bourdon les sépultures des soldats qui étaient enterrés dans les cimetières des villes et villages du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme.
Le cimetière a été inauguré officiellement le 16 septembre 1967, la section de Rhénanie du Nord-Westphalie du Volksbund parraine le cimetière.  
 
Une très grande partie des 22 216 soldats allemands qui y reposent sont tombés lors de la campagne de France de mai-juin 1940, dont de nombreux Waffen de la "Totenkopf". Il faut dire qu'avec la création de la poche de Dunkerque, la région Nord a connu d'effroyables combats.
Une autre partie concerne des soldats tués fin août-début septembre 1944, notamment après la traversée de la Seine.

Enfin, il y a une part non négligeable de pilotes de la Luftwaffe notamment ceux des Jagdgeschwader, les unités de chasse. Les tombes de ces pilotes s'étalent sur quatre années de guerre dans le secteur. Il y a de nombreux articles à leurs sujets sur le blog.

SS-Obersturmführer Brohl
Le cimetière militaire allemand de Bourdon

Une nécropole nationale sur le bord de la route..

La Nécropole nationale de la Targette, au premier plan les tombes britanniques

Alors que je roulais, j'ai vu un grand cimetière militaire sur le côté de la route, par curiosité je me suis arrêté. Il s'agissait de la nécropole nationale de la Targette, une nécropole qui regroupe des combattants de 14-18 et 1940, Français et Britanniques, il y a même des Belges.  Malgré le soleil et le beau temps, la vue de ces milliers de croix ne peut qu'évoquer la tristesse, le gâchis.

La Nécropole nationale de la Targette
La tombe de Jean-François Heller du 2e Cuirassiers

Je ne suis resté que quelques minutes, j'ai photographié quelques croix au hasard et en les regardant plus tard sur mon PC j'y ai trouvé un soldat français du 2e Cuirassiers tombé durant la bataille d'Arras. Il s'agit de Jean-François Heller né le 11 septembre 1916 à Reuilly dans l'Indre. Il n'avait que 23 ans lorsqu'il a été tué à Dainville, le 21 mai 1940. 

Et puis il y a la SS-Junkerschule Braunschweig

Le Braunschweiger Schloss, le château de Brunswick gravement endommagé par les bombardements anglo-américains a été démoli après la guerre mais il a été plutôt bien reconstruit dans les années 2000. Néanmoins on repassera pour ce qui est de l'authenticité de la SS-Junkerschule.

Les élèves et futurs cadres de la Waffen SS rassemblés devant la SS-Junkerschule Braunschweig

Le château a été reconstruit avec une partie des pierres d'origines

Pour en savoir plus sur la Totenkopf vous pouvez lire l'Album "Totenkopf"de Charles Trang aux éditions Heimdal ainsi que les deux albums dédiés à la LSSAH, celui de Georges Bernage (qui reste très bon) ou celui de Charles Trang. Pour ce qui est de la campagne de France, il existe plusieurs tomes de l'auteur Jean-Yves Mary mais le volume 1, qui s'arrête à la journée du 21 mai est indisponible chez l'éditeur.

Note : A propos de la SS-Junkerschule Braunschweig, Karl-Heinz Brohl est mentionné dans "l'album historique Leibstandarte SS" de Georges Bernage paru en 1997 alors que son nom n'apparait pas dans le "Leibstandarte 1933-1942" de Charles Trang (2019), d'ailleurs l'auteur indique à tort que Joachim Peiper est sorti de la SS-Junkerschule Tölz.  

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