jeudi 9 septembre 2021

Un Junkers Ju 88 abattu à Saumur

Dans cet article HistoReich revient du côté de Saumur où les servants de la Flak de la 17.SS Panzer-Greandier-Division "Götz von Berlichingen" ont fait une nouvelle victime.

La Kampfgeschwader 77 en France

Le 10 mars 1944, le I.Gruppe de la Kampfgeschwader 77 est transféré de Powehren à l'aérodrome de Orange Caritat. Les avions du I. Gruppe sont des Junkers Ju 88 A/LT, des appareils spécialisés dans les missions de largages de torpilles, le secteur d'opération est le bassin méditerranéen. En même temps le Stab et le II.Gruppe, sont aussi transférés en France. La KG 77 est placée sous le commandement de la Luftflotte 3.

Junkers Ju 88, un bombardier bimoteur


6 juin 1944, Alarrmmm !

Dans la nuit du 5-6 juin 1944, l'Invasion commence. La Luftwaffe mobilise ses escadrilles de bombardiers pour des attaques sur les bateaux ennemis en Normandie. Le I./KG77 reçoit l'ordre de passer à l'action, c'est dans ce contexte que les bimoteurs allemands décollent de l'aérodrome de Orange Caritat et prendre la direction de l'Invasionsfront, pour se faire, les bimoteurs doivent traverser la France et survoler le Maine et Loire. 

La Flak de la Götz von Berlichingen à Saumur

 
Comme nous l'avions vu dans un article précédent, le secteur de Saumur (Maine et Loire), est la région d'instruction de la 17. SS Panzer-Grenadier-Division "Götz von Berlichingen", celle-ci va bientôt monté au front mais en attendant les jeunes de la SS-Flak Abteilung. 17 protègent les ponts sur la Loire, d'ailleurs la Flak Waffen SS se montre assez efficace et compte déjà quelques victimes dans le ciel de Saumur notamment un bombardier Halifax détruit près de Longué-Jumelles et un Mustang P51. En restant avec cette division SS, je vous conseille vivement la lecture "Panzers Normandie 44, SS-Panzer-Abteilung 17, Götz von Berlichingen" disponible chez Maranes Editions
 
3,7 cm Flak 36 L/60r ZgKW 8 t (Sd.Kfz 7/2)
Servants de Flak de la Waffen SS
 
Parmi les unités anti-aériennes de la Götz la 4. batterie /Flak-Abteilung 17 est armée de 9 pièces de 3,7 cm Flak 36 L/60 montées sur ZgKW 8 t (Sd.Kfz 7/2). Le véhicule  de 8 tonnes était construit par la firme Krauss-Maffei à Munich. Son moteur était un Maybach HL 62 TUK 6 cylindres de 140 chevaux. Avec sa consommation de 80 à 160 litres son autonomie était de 150 à 250 km. Son canon de 37 mm lui autorisait une cadence de 120 coups par minutes.
 
Le Feldflugplatz de Saumur était une piste satellite de la Luftwaffe au début de l'été 1944. Il a été détruit par les Allemands le 6 août 1944. Sur cette photo nous voyons les tranchées de protection du personnel dont notamment ceux de la Flak. 
 
Belles positions aménagées pour la Flak de la Götz von Berlichingen à Saumur. Nous sommes en juillet 1944 près du château, des alcôves ont été créés fin mai pour les Sd.Kfz 7/2 ainsi que des tranchées pour la protections de servants de la Flak. Cette position idéalement placée car panoramique et en hauteur offre une excellente vue sur la Loire et les ponts de la ville. 

Le 6 juin 1944, les bombardiers de la I./KG77 volent en formation au dessus de Saumur, leur direction est naturellement la Normandie où ils auront fort à faire avec les chasseurs anglo-américains. Parmi ces bombardiers il y a un Junkers Ju 88 de la 3./KG 77 dont l'équipage est composé de quatre hommes l'Oberfeldwebel Günther Anton, les Unteroffizier Richard Schneider, Georg Schuber et Engelbert Atzberger.
 

Laissons maintenant la parole au regretté Jean Claude Perrigault :

"Dans la soirée à 21h35, une formation de Ju 88, qui se trouvait en vol d'approche, 6 appareils et qui montaient pour une mission sur la tête de pont alliée emprunte la vallée de la Loire près de Saumur sans avoir signalé son passage. les avions, qui volent à basse altitude avec "le soleil dans le dos" sont identifiés comme ennemis et pris à partie  par la Flak. l'un des bombardiers, touché, s'abat sur une île de la Loire entre le pont routier et le pont ferroviaire et explose en touchant le sol. Un deuxième avion, lui aussi touché, largue ses bombes pour s'en débarrasser et, après seulement, tire des signaux de reconnaissance.
On peut tout de même penser que les servants de la 4./Flak-Abteilung 17 avaient une mauvaise connaissance des silhouettes des avions allemands."

Poursuivons le texte de Jean-Claude Perrigault :

"Etant donné la gravité de l'incident et la mort de l'équipage de l'avion abattu, les deux chefs de section responsables sont immédiatement relevés et une procédure devant la cour martiale est ouverte contre l'infortuné chef de batterie, le SS-Untersturmführer Kreil mais, après éclaircissement des circonstances, elle sera suspendue."

En effet la méprise pouvait être expliqué certainement par les conditions. A 21h15, le soleil est alors plein ouest, les servants de Flak pouvaient très bien l'avoir de face. Il ne faut pas oublier non plus que depuis quelques jours Saumur faisait l'objet de plusieurs bombardements ennemis, celui du 1er juin puis du 2 juin, on y compte notamment 86 morts civils. Avec l'annonce du débarquement, la tension chez les servants de Flak devait être extrême.

La perte signalée est le bombardier Ju 88 A-17 WNr. 550 861 codé 3Z+CL. Les 4 membres d'équipage sont décédés, malheureusement je n'ai retrouvé qu'une seule tombe au cimetière militaire allemand de Pornichet, celle de l'Unteroffizier Richard Schneider. Le sous-officier était né le 22 mars 1923 à Frankfurt Am Main, il n'avait donc que 21 ans.

Pour la localisation du crash, s'agit-il de l'île Offard, seule île correspondante aux informations de Perrigault ?

L'île Offard en juillet 1944, 1 mois après le crash du Junkers Ju 88. Nous remarquons les impacts de bombes larguées par les avions anglo-américains.  La Loire est basse de nombreux bancs de sable sont visibles.

Le cimetière  militaire allemand de Pornichet en Loire-Atlantique

Le cimetière militaire allemand ou Deutscher Soldatenfriehof est situé au 37 chemin de la Gruche et route de la Villes Mahaud à Pornichet. Celui-ci est au même emplacement que celui inauguré durant la seconde guerre mondiale, les tombes individuelles avec croix et les allées ont été remplacées par des blocs numérotés. Les emplacements sont symbolisés par des plaques au sol, elles rassemblent 4 personnes.

HistoReich a consacré plusieurs articles concernant quelques soldats reposant dans ce cimetière. Des Waffen SS de la division Totenkopf, de la Götz von Berlichingen, des sous-mariniers, des pilotes de la Luftwaffe, qu'ils soient de chasse ou de bombardiers. Il y a tout de même 4 944 personnes y compris des civils et des femmes inhumées dans ce cimetière inauguré le 20 juin 1965.

 
Plaque d'entrée du cimetière militaire allemand de Pornichet
 
Chaque "pavé" regroupe quatre tombes identifiées par une plaque
 

La tombe de Uffz Richard Schneider

L'Unteroffizier Schneider repose au cimetière militaire allemand de Pornichet au bloc 5 Rangée 5 Tombe 172.

cimetière militaire allemand de Pornichet
Plaque tombale de l'Unteroffizier Richard Schneider

 

Moteur Jumo de Junkers Ju 88

Nous pouvons voir un moteur Jumo 211 de Junkers Ju 88 au musée technique de Sinsheim en Allemagne. Ce moteur ainsi que les restes de l'avion ont été trouvés dans un lac gelé en Suède, plutôt bien préservé il a néanmoins souffert d'une auto-destruction faite par les Allemands.

Un moteur de Ju 88, semblable à celui abattu à Saumur, est exposé au musée technique de Sinsheim

Sources

 
"Götz von Berlichingen" tome 1 de Jean Claude Perrigault, éditions Heimdal.
Absa 39-45
Ju 88 Kampfgeschwader on the western front  de John Weal
Lexikon-der-Werhmacht.de

Liens

 

3 commentaires:

  1. Bonjour, excellent blog - l'image de l'avion abattu montre un Dornier 17

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    1. Merci pour cette correction rectifiée. N'étant pas spécialiste de l'aviation j'avais pris cette photo dans un livre sur les Ju 88 combattants sur le front Ouest, faisant confiance à l'auteur mais l'erreur est humaine. Merci encore.

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  2. Bonjour, Très bon blog avec beaucoup de prévisions. Je suis à la recherche d’informations sur l’occupation de troupes allemandes dans un village à proximité de Saumur en juin 1944. Au plaisir d’échanger sur ce sujet.

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